Les Mensonges de Aziz | Mauriweb

Les Mensonges de Aziz

mar, 20/04/2021 - 17:25

Alors qu’il était au pouvoir, au faîte de sa puissance, nous avions l’habitude au lendemain des sorties médiatiques de Mohamed Ould Abdel Aziz de revenir sur ses propos pour montrer à chaque fois les fausses informations, les approximations, les omissions ou tout simplement les mensonges délibérés.

A l’occasion de son interview exclusive avec l’hebdomadaire Jeune Afrique, comme à son habitude Mohamed Ould Abdel Aziz ne s’est pas gêné pour sortir des énormités, et camper définitivement son image de mythomane invétéré.

A titre d’exemple voici quelques points saillants de ces élucubrations :

  1. Ould Abdel Aziz parle de l’UPR comme de  ’’son’’ objet qu’il possède et qu’il a crée en 2009 et affirme qu’il lui a été confisqué par le gouvernement. Dans sa précédente sortie devant la presse mauritanienne il avait affirmé que le président actuel s’immisçait de manière flagrante et illégale dans le fonctionnement du parti et que lui avait instauré la séparation entre l’exécutif et le parti. Et il poursuit « j’avais désigné une commission provisoire pour gérer le parti et demandé à son président d’alors de ne plus désigner les responsables, mais de les faire élire. Au moment où on devait élire le président et le secrétaire général, j’ai fait arrêter le processus car nous étions à la veille de l’élection présidentielle. » ca veut dire tout simplement qu’en tant que président de la République, il avait une fois encore, contourné la loi qui lui interdit d’appartenir à l’appareil dirigeant d’un parti politique. Et d’ailleurs à quel titre a –t-il présidé la fameuse réunion de l’UPR consacrée à la « référence » ? Et quand bien même il posséderait la carte d’adhésion N° 1 cela ne lui confère aucun avantage ou droit de préemption sur cette formation politique. Mais peut être que pour lui les partis politiques sont des possessions tout comme les bennes, les boutiques, les fours et les poulaillers. N’a-t-il pas essayé d’acheter un parti politique devant un notaire ?
  2.  Aziz affirme ensuite qu’il n’a jamais muselé l’opposition !                       Mais alors, qui a interdit les opposants d’antenne publique ? Qui a empêché par la force les partis politiques opposés à la réforme constitutionnelle de battre campagne et a même fermé, à cette occasion,  le siège du RFD manu militari ? Qui a jeté des journalistes en prison,  fait extrader des poètes et renvoyé en exil des artistes ? Qui a refusé aux partis politiques représentés au parlement toute représentation dans la CENI ? Qu’est ce qu’il appelle « compromissions « ? Est-ce le fait d’ouvrir un dialogue véritable et sincère avec les opposants ?
  3.  « Ils ont triplé voire quadruplé le budget de la présidence  en 2020 et 2021 » Faux également. Le budget de la présidence était en 2008 de  2.663.574.539  MRO. En 2012  pour le fonctionnement 1.320.809.906 MRO  et 200.000.000 MRO pour l’investissement. En 2014 il était de 1.355.269.799 MRO pour le fonctionnement et 7.706.690.500 MRO pour l’investissement. En 2015 il était de 1.929.604.000 MRO et 7.956.690.000 MRO pour l’investissement. En 2019, le dernier budget d’Aziz,   était de 124.462.851 MRU et 733.903.000 MRU. Pour la loi initiale de 2021 le budget de fonctionnement et d’investissement de la présidence est de 333.102.377 MRU cependant quelqu’un de mauvaise foi pourrait compter les 4 081 692 951 de budget du Ministère Secrétariat Général du Gouvernement dont 4.000.000.000 destiné à Taazour pour financer les programmes comme l’accès aux denrées alimentaires, la défense du pouvoir d’achat et Filets sociaux et l’amélioration  du pouvoir d'achat des citoyens.
  4. L’ancien président accuse  directement  le pouvoir actuel d’avoir soudoyé les députés pour approuver la Commission d’enquête, oubliant que cette commission d’enquête est une proposition des députés de l’opposition qui a été approuvé par les députés de la majorité qui, quelques jours auparavant avaient massivement désavoué sa tentative d’intrusion dans les affaires de l’UPR. Cette affirmation veut surtout dire que dans son esprit à lui, il avait octroyé des terrains aux députés et aux sénateurs la veille du vote de la réforme constitutionnelle pour les inciter à l’approuver. Quand aux enregistrements audio qu’il évoque et invoquent comme preuve, aucun d’eux ne le prouve ou même n’y fait allusion.  Mais comme le dit un adage maure, (siir tjibou el ghavlé) le secret est toujours trahi par inadvertance. Comment un ancien chef de l’Etat peut il s’appuyer sur des écoutes illégales pour étayer ses propos. Mais peut être qu’il se prenait plus pour un chef de gang qu’un chef de l’Etat.
  5.  « Ils ont fermé toutes les boutiques de distribution du programme alimentaire Emel » « On engraisse les plus riches et on tourne le dos aux plus misérables. » Faux n’a-t-on pas doublé les pensions de retraite et de veuvage ? n’a-t-on pas quasiment rendu universelle la couverture de l’assurance maladie ?n’a-t-on pas distribué du cash aux citoyens les plus démunis et à une échelle sans précédent dans le pays.
  6. « D’accord, je suis prêt, démontrez-moi que j’ai pris une seule ouguiya, que ce soit au Trésor public, à la Banque centrale ou dans un autre établissement public. » Rien qu’en relisant le rapport de la Commission d’enquête nous découvrons que : S’agissant de l’école de police les contrats de vente Numéro 3023/14, 3027/14, 3026/14et 3024/14 entre Mohamed Lemine Ahmed Baba ould Bobatt et la société SMIS-SARL ayant pour actionnaire unique Ahmedou Abdel Aziz , le prix de vente est le même les quatre lots soit un million alors que les prix d’achats sont respectivement 32 millions, 32 millions, 33 millions et 35 millions ; S’agissant de peloton d’escorte : contrats de vente Numéro 19/0821 et 19/0820 entre Ahmed Mohamed Semiyou et Mohamed M’Sabou, le prix de vente est le même pour les deux lots soit six millions alors que les prix d’achats sont respectivement 13.461695 / 17.814.975. Mais plus flagrant encore, des  travaux  dans l’une des propriétés privées de l’ancien chef de l’Etat pour un montant de un milliard d’Ouguiyas,  auxquels on été ajouté deux avenants    

• Avenant n°1 : pour la réalisation de travaux de construction du bâtiment de         couverture de la piscine et ses accessoires, la fourniture et la pose d’équipements solaires pour le château d’eau et l’habilitation, la construction d’un abreuvoir pour le bétail ainsi que la location de matériel pour la réfection de la piste d’accès au PK70 et la construction des supports en béton des panneaux solaires, la construction d’abris des équipements de Mauritel, la construction d’un Mahmel pour les animaux, pour un montant de cent vingt-quatre millions huit cent cinquante-huit mille quarante-sept Ouguiyas (124.858.047 UM) ;

         • Avenant n°2 : pour la réalisation de travaux de décapage et la construction de diguettes de protection au PK70, le rehaussement du château d’eau du PK70, la construction de 24 supports de conteneurs au PK70, pour un montant de trente-trois millions deux cent trente-neuf mille trois cent trente-neuf ouguiyas (33.239.339 UM).

Qui plus est, où sont passés les 1200 lampadaires solaires de l’ANADER ? Qui a pris les 7000 mètre carré à Bountiya de Nouadhibou et le centre Mamadou Touré ? Qui a pris les traverses du train et les anciennes grilles de la présidence pour clôturer ses propriétés de Benichab, de jedr el Mohgen et de Tiverit ? Qui a pris les animaux sauvages du parc d’Awleygatt pour les mettre à Benichab ? Et qui a été pris en flagrant délit de fraude à l’électricité?

« Il n’y a jamais eu de problème à la SNIM. Des directeurs sont là, il n’y a jamais eu d’intervention ni d’interférence dans les ventes, gérées par une direction commerciale autonome installée à Paris. »  Pourtant l’ancien DSP de la SNIM Khalifa a indiqué dans son apport sur la politique commerciale qu’ un notable bien connu l’avait rencontré à Paris et lui a indiqué avoir sollicité le Président Aziz pour s’introduire dans le minerai de fer et que ce dernier a donné des instructions en ce sens à l’ADG de la Snim. De plus la nomination du gendre aux forceps au sein de cette même DSP n’est elle pas, une intervention directe ?

A propos des 41 milliards gelés, pour Ould abdel aziz « Il s’agit de maisons, qui appartiennent aussi à de tierces personnes, comme mes petits-fils ou d’autres parents. Juridiquement, aucune de ces propriétés ne porte mon nom, sauf celles que j’ai déclarées moi-même. Il y aurait également des véhicules surestimés mais aussi des chèvres, des moutons, trente gazelles à 40 000 ouguiyas ou encore 650 chameaux... »  comble du ridicule Ould Abdel Aziz semble ignorer que la  Loi N°2007/054 relative à la Transparence financière de la vie publique Article dispose en son article 2 «  Le Président de la République, après son investiture et à la fin de son mandat, fait une déclaration de sa situation patrimoniale et celle de ses enfants mineurs. Chacune de ses déclarations est rendue publique. » quand à la Loi n° 2016.014 relative à la lutte contre la corruption elle stipule en son Article 11, qu’est puni d’un emprisonnement de deux (2) à cinq (5) ans et d’une amende égale au double de la valeur reçue sans être inférieure à un millions (1.000.000) d’ouguiyas, tout agent public qui sollicite, reçoit, exige ou ordonne de percevoir, ce qu’il sait ne pas être dû, ou excéder ce qui est dû, soit à lui-même, soit à la partie pour laquelle il perçoit. Et en son article 14 à propos de l’abus de fonction qui est puni d’un emprisonnement de deux (02) à cinq (05) ans tout agent public, qui abuse intentionnellement de ses fonctions ou de son poste en accomplissant ou en s’abstenant d’accomplir, dans l’exercice de ses fonctions, un acte en violation des lois et des règlements afin d’obtenir un avantage indu pour lui-même ou pour une autre personne ou entité. Quand à l’Article 15 il punit la  prise illégale d’intérêt d’un emprisonnement de un (01) à cinq (05) ans et d’une amende dedeux cent mille (200.000) à un million (1.000.000) d’ouguiyas, le fait pour tout agent public qui prend ou accepte soit directement, soit indirectement des intérêts indus dans une institution ou une opération dont il avait, au temps de l’acte en tout ou partie,  l’administration ou la surveillance ou ayant mission d’ordonnancer le paiement ou d’en faire la liquidation. Pour ainsi dire le Président de la République n’a pas le droit d’acheter directement ou indirectement auprès de l’Etat.

Enfin pour ce qui est de l’enrichissement illicite, l’Article 16 le définit comme étant le fait pour, tout agent public de ne pouvoir justifier une augmentation de son patrimoine par rapport à ses revenus légitimes. Ould Abdel Aziz peut il justifier cette immense fortune qu’il a bâtie à l’ombre de la République ? Certain de ses défenseurs parlent de « cadeaux » offerts par des chefs d’état étrangers, mais alors dans ce cas la piste de la haute trahison serait largement ouverte.

Toujours est- il que malgré les 41 milliards gelés, Ould Abdel Aziz dispose encore des biens dans tous les secteurs et continue à engranger des bénéfices grâce à une armée de prêtes nom et d’intermédiaires. Un patrimoine foncier à la Capital et à Tevragh Zeina surtout l’Avenue Mokhtar Daddah, des entreprises comme Maurilog, Afriplast, et des concessionnaires de camions chinois, les distributeurs de cigarettes Winston et Oris, les élevages de volaille de chair, et même de véhicules en vente dans les bourses de voiture. Il faut une armée d’enquêteurs chevronnés pour espérer venir à bout de cet écheveau.

C’est dire que l’ancien chef de l’Etat a manque l’occasion de se taire car aujourd’hui plus personne n’est dupe. Et si c’est à l’opinion Africaine qu’il s’adresse, celle-ci lui réserve une place de choix dans la poubelle de l’Histoire aux cotés de Yaya Jammeh, Bokossa, Mobutu et Bozizé.