Programme d’investissement de Polyhondone : Le Gouvernement fait profil bas! | Mauriweb

Programme d’investissement de Polyhondone : Le Gouvernement fait profil bas!

sam, 24/03/2018 - 15:13
Grève des employés

Après huit années d’établissement, la société chinoise Polyhondone Pelagic fisheries n’a jusqu’ici pas respecté le programme d’investissement prévu par la convention signée avec les autorités mauritaniennes. Elle continue à pomper les ressources du pays au détriment de ses citoyens.

Le programme d’investissement lié à la convention signée en 2010 par les autorités politiques avec Polyhondone Fishereies est laissé aux caprices de la partie chinoise.  Aucune évaluation de l’application de ladite convention, prévue pour 25 ans, et de son protocole renégocié tous les 5 ans, par le ministère des pêches, n’apporte de lumière sur une affaire dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle laisse des traces indélébiles de mauvaise gouvernance. Pire, la société chinoise semble aujourd’hui se financer elle-même par ses activités en Mauritanie. En fait, elle mobilise le financement promis sur les décombres du secteur des pêches dans notre pays.

Ce dernier, grand pourvoyeur d’emplois 55.000 directs et indirects, en Mauritanie reste un pilier de l’économie nationale avec des recettes de l’ordre de 40 % en devises et pourvoit à plus de 25 % des recettes budgétaires de l’Etat. Une réalité qui aurait du convaincre les autorités à se montrer plus sensibles à son importance au lieu d’abuser de sa rente.

A une année du départ supposé du président Mohamed Ould Abdelaziz du pouvoir, après deux mandats à la tête de l’Etat, et à trois mois seulement du neuvième anniversaire de la Convention, pour un programme d’investissement de 100 Million Usd, force est de constater que la convention signée avec Polyhondone Pelegic Fisheries n’a fait que fragiliser ce secteur qui a connu de profondes fluctuations dans son budget d’investissement de 7 à 2 milliards d’ouguiyas entre 2008-2014 suite à la démobilisation des ressources de l’appui sectoriel la pêche de l’UE. Un partenaire floué aujourd’hui par les autorités au profit d’un «négoce» sur mesure avec les chinois.

 

On ferme les yeux…sur tout

Pourtant la loi est claire. Mais c’est à penser que la partie chinoise est au-dessus du droit.  Tous se rappellent le tumulte qui a suivi la signature de la convention avec Polyhondone et son protocole «camouflé » qui autorise l’accès des chinois au poulpe dont les partenaires européens sont privés et à user du chalut en bœuf. Des avenants (article 7) sont aussi prévus pour permettre aux parties (entendez les chinois) pour modifier les termes de la convention signée.

La dite convention qui a fait couler beaucoup d’encre et de salives accorde des avantages comparatifs énormes tant pour sa durée de 25 ans que pour les avantages fiscaux (dérogations) ainsi que pour le circuit de commercialisation échappant totalement à la Smcp (article 8 de la convention). La convention avait été signée par l’ancien ministre des affaires économiques et du développement, Sidi Ould Tah, actuel directeur de la Badea et ses protocoles successivement par les ministres Ould Eyih et Ould Nanni (renouvellement). Aucun des deux ministres n’a eu le courage d’ajuster ces protocoles se doutant évidemment que les chinois avaient un bouclier «hors-normes».  Aujourd’hui, huit ans après son adoption, la convention profite surtout aux chinois. Ces introduits par Mohamed Abdellahi Ould Iyaha, homme d’affaires du sérail présidentiel et dont l’entreprise Maurilog est détentrice d’un monopole de fait des activités de transit de Tasiazt (mines) restent intouchables. Quelques soubresauts ont émaillé cette relation avec les chinois en 2013 par l’intrusion de Cheikh Ould Baya à la suite du tollé constatant le retard dans l’exécution du programme d’investissement.

Cheikh Ould Baya, puissant conseiller mais véritable ministre des pêches, apprendra à ses dépens en 2013 lors d’une  réunion lorsque il se rendra compte que les discussions étaient enregistrées par une secrétaire pour le compte de Mohamed Abdellahi Ould Iyaha. Il finira par faire profil bas face à celui qui semble encore plus «fort» que lui sur cet échiquier. Aucune chance de remettre en cause les «acquis» de certains.

 

L'usine, une citadelle imprenable!

Malgré donc des avantages liés aux exonérations tous azimuts pour le fameux investissement de 80 à 100 millions Usd, l’autorisation pour les chinois de capturer jusqu’à 100.000 tonnes de poissons par an, l’octroi de licences pour la pêche au poulpe et le chalut en bœuf jusqu’à cette date prohibé, tout cela n’a pas servi à encourager les chinois à respecter leur propre engagement dans ce secteur où ils se comportent en «territoire  conquis». Même les services des gardes-côtes mauritaniens n’ont pas le courage de les interpeler en cas de soupçons sur la zone et les pratiques de pêche.

Outre la concurrence qu’ils imposent au vu et au su de tous notamment aux petits producteurs de la pêche artisanale sur le marché du poulpe et au grand dam de La politique Publique de Financement dans le secteur de la pêche artisanale en Mauritanie, les chinois n’ont pas encore créé le moindre chantier naval pour la construction des pirogues et les rares bateaux côtiers d’occasion, alors qu’il était prévu qu’ils soient flambants neufs et modernes (articles 5), sont une reconversion de bateaux de pêche fluviale. Ne parlons même pas de la taxe d’apprentissage de 0.1% du brut des exportations de la société qui ne sont connues que des chinois.

En matière de création d’emplois -2080 emplois prévus par la convention- huit ans après ils n’en sont qu’à la moitié. Pire encore, ils imposent aux ouvriers mauritaniens employés des conditions de travail digne d’un bagne. Presque de l’esclavage moderne où les services publics de l’emploi n’ont aucun droit de fouiner. Les chinois ont la latitude d’embaucher et de débaucher…sans droit. L’usine sise à Nouadhibou est un véritable bunker qu’aucun limier de l’inspection de travail ne peut visiter sans être au préalable autorisé par les responsables chinois. Un petit Etat dans l’Etat!

Pendant ce temps, les mailles des chinois continuent de se resserrer sur ce secteur boutant dehors les européens qui curieusement paient plus pour un accès scientifiquement plus raisonnable à la ressource halieutique. Face à la mainmise des chinois, bien introduits, le gouvernement mauritanien, lui, adopte le profil bas!

JD