L’Oif éclaboussée par une affaire de blanchiment d’argent | Mauriweb

L’Oif éclaboussée par une affaire de blanchiment d’argent

mar, 19/03/2019 - 09:14

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est éclaboussée par une rocambolesque histoire de blanchiment d’argent sale. De quoi s’agit-il ? Un employé de l’Organisation se pensait intouchable et sillonnait Paris et sa banlieue pour collecter de l’argent liquide pour le compte de banquiers occultes.

Les policiers n’étaient pas forcément lancés dans une partie de pêche au gros. En janvier 2018, ils démantèlent un gang de voleurs qui voulaient s’en prendre à un homme employé comme chauffeur au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à Paris. Mais ces professionnels n’ont pas choisi leur cible au hasard. Et l’homme qu’ils voulaient « rançonner » était un peu plus qu’un simple chauffeur. Il était le rouage essentiel d’un vaste réseau de collecteurs d’argent et de blanchiment lié au trafic de drogue. Plusieurs centaines de milliers d’euros d’argent sale sont ainsi passées de mains en mains.

Il y a quelques semaines, après plus d’un an d’investigation, les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) ont fini par interpeller ce fameux chauffeur, véritable cheville ouvrière du trafic. Au moment de son arrestation, il s’apprêtait à remettre près de 100 000 euros en liquide à un particulier, interpellé en même temps que lui. Une vraie surprise pour celui qui se pensait « intouchable ».

« Il roulait tous les jours au volant d’un véhicule immatriculé en corps diplomatique et croyait aussi bénéficier de cette immunité, confie un policier. Mais après vérification, il s’est avéré que seule la voiture qu’il conduisait bénéficiait de cette protection. » Placé en garde à vue après son arrestation devant son lieu de travail, situé dans le VIIe arrondissement de la capitale. Mostafa C., 50 ans, a livré sa version des faits.

50 euros la course dans Paris

Ce père de trois enfants, employé depuis 1998 par l’OIF, a soutenu s’être livré à la collecte et à la remise d’argent pour « arrondir ses fins de mois ». Des collectes et livraisons opérées pour le compte de deux donneurs d’ordre, dont un certain Abderrahim domicilié à Casablanca au Maroc. Présenté à un juge de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris, Mostafa C., également connu sous le surnom El Haj de Paris, a été mis en examen avant d’être placé en détention provisoire.

Deux de ses complices ont également été mis en examen. Le premier a été incarcéré tandis que le second a été placé sous contrôle judiciaire. Les donneurs d’ordre, des banquiers occultes, également baptisés « sarafs », n’ont, eux, pas pu être interpellés.

Selon les premières investigations, ce collecteur et ses comparses auraient récupéré, à plusieurs reprises, des sommes allant de 5000 euros à plus de 300 000 euros avant de dissimuler cet argent à leur domicile ou dans le faux plafond d’une boucherie, implantée dans le XVe arrondissement. Des fonds ensuite crédités sur des comptes à l’étranger après prélèvement de commissions pour les collecteurs et les « sarafs ».

Au volant d’une fourgonnette ou d’une berline, Mostafa C. se rendait jusqu’à ses clients, en échange de frais de déplacement, oscillant de 50 euros pour une course dans Paris à 100 euros pour la banlieue… Les enquêteurs estiment qu’il a assuré, entre avril et septembre 2018, plus de 50 rendez-vous pour collecter des fonds occultes. Dans le même temps, El Haj de Paris aurait remis plus de 1,5 million d’euros à des particuliers en affaire avec ses « sarafs » marocains.

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