Présidence mauritanienne du G5Sahel : Mission accomplie! | Mauriweb

Présidence mauritanienne du G5Sahel : Mission accomplie!

sam, 13/02/2021 - 13:32

A quelques jours du passage du témoin au président tchadien, le président Ghaouani va à N’Djamena avec un bilan plutôt satisfaisant. L’occasion de mesurer le chemin parcouru par le G5S sous la présidence mauritanienne.

Très attendu sur  la scène internationale (aussi), le président Ghazouani vient de donner la mesure de son leadership régional. Sous son impulsion, le G5Sahel a franchi bien des barrières. Si pour l’histoire, la mise en place du G5S se confond au sommet du 15 au 17 février 2014 de Nouakchott, la présidence de Ghazouani aura été marquée par le respect du calendrier politique et actes idoines pour répondre aux urgences mais aussi aux lancinantes questions de développement et à la bonne marche de l’organisation. C’est sous le sceau de la discrétion et l’efficacité que le Chef de l’Etat mauritanien a accompli sa mission.

L’impulsion politique

Sans tambour, ni trompettes, le président Ghazouani a mené à bon port le navire du G5S. En effet, depuis qu’il a pris le train en marche, en février 2020 en tant que président du G5S, le président Ghazouani -qui n’était élu président en Mauritanie que depuis cinq mois- a fait preuve, dans la discrétion et l’humilité, d’un tact diplomatique et d’une efficacité insoupçonnés mais surtout indispensables dans un espace chamboulé par l’activisme terroriste et les effets pervers de la Cov-19 sur des populations déjà en état de promiscuité économique avancé. En ce sens, son mandat incisif mais déterminant dans l’impulsion politique de l’organisation a vu le lancement, en janvier 2020, à Pau (France) de la Coalition pour le Sahel élargissant le cadre de coopération et de concertation internationales comme il s’est aussi doté d’un cadre d’engagement politique renforcé, avec le démarrage du cadre d’action prioritaire intégré (CAPI).

Le constat fait la veille de la présidence mauritanienne du G5 Sahel était que «malgré la présence française et étrangère au Sahel, le bilan n’est pas tout à fait reluisant ». Autant dire que les obligations de résultats tous azimuts nés de «cet élargissement » du partenariat jusqu’en 2017 (mise en place de l’Alliance) assumé par la France, seule, mettaient la barre haut pour le nouveau président mauritanien. Un baptême de feu pour le président Ghazouani qui voit les partenaires tenter d’accorder leurs violons. Mais dont les souscriptions n’étaient pas un test mais bien un examen à la présidence du G5 Sahel sous Ghazouani. Dans le même temps l’agenda Ghazouani en tant que président de l’organisation s’est ainsi renforcé de l’engagement de ce nouveau partenariat dans «le combat contre le terrorisme », son corollaire, «le renforcement des capacités militaires des Etats de la région », « l’appui au retour de l’Etat et des administrations sur le territoire» et enfin « l’aide au développement ». La reprise de terrain par les armées nationales mieux aguerries et équipées renversent aujourd’hui la tendance y compris dans la perception que les autochtones avaient de la présence des troupes étrangères sur leurs territoires. Une bataille est sans doute gagnée mais pas la guerre.

La présidence mauritanienne du G5 Sahel a sans doute été marquée par ce leadership politique et diplomatique dans l’organisation et le suivi de plusieurs rencontres internationales au niveau des Chefs d’Etat et beaucoup d’autres encore au niveau ministériel. Le dernier en date aura été la visite effectuée par Ghazouani au siège de l’Otan à Bruxelles. Des rencontres à chaque fois mises à profit et dont dira le président du conseil des ministres du G5 Sahel, le mauritanien Ousmane Mamoudou Kane, lors de la célébration du 3ème anniversaire de l’Alliance Sahel qu’elles «ont permis, notamment, de mener un intense plaidoyer pour l’annulation de la dette des pays du G5 Sahel pour lutter contre l’impact de la crise sanitaire de la covid-19 par un soutien accru en matière de développement». 

 

Le nerf de la guerre !

N’eut été l’intervention militaire de la France et son leadership international, il faut bien croire que depuis longtemps le Sahel serait tombé dans l’escarcelle des terroristes. Mais si aujourd’hui les terroristes sont acculés et leurs capacités de nuisance atténuées, la situation économique des Etats membres du G5 déjà précaire est plombée par la dette alors que le moratoire du service de la dette, initié par le G20 pour faire face aux effets économiques et sociaux de la pandémie de la covid-19, est le grand regret pour la présidence mauritanienne du G5S. Une alternative « insuffisante sans un traitement durable de ce fardeau» dit O. M. Kane qui rappelle les objectifs poursuivis dans les domaines de la résilience et des infrastructures: l’amélioration des conditions de vie des populations les plus vulnérables, l’autonomisation des populations dans les zones d’insécurité et le raffermissement de l’intégration régionale. D’autres impondérables liés aux lourdeurs administratives des institutions engagées retardent significativement les actions d’aide. Sans être exhaustif, le bilan de l’action du G5 sous la présidence mauritanienne, aura touché tous les secteurs névralgiques des économies. Ainsi, outre l’apport conséquent (plus de 900 projets) de l’Alliance Sahel, plus de 10 milliards d’euros, la présidence mauritanienne a vu, selon O. M. Kane, président en exercice du conseil des ministres, plusieurs projets aboutir dont notamment le programme de développement d’urgence (PDU) pour les secteurs prioritaires de la résilience, de l’eau et de la cohésion sociale. Il y eut également sous cette présidence le renforcement des systèmes d’alimentation et de nutrition des populations vulnérables financé par la BAD pour un coût de 21,9 millions dollars, le financement de 16 millions d’Euros de la l’UEMOA et du Sahel du projet d’aménagement territorial intégré (PATI), un financement de la FIDA de 180 millions de dollars pour les pays du G5 Sahel (et du Sénégal) du projet urgence et développement rural au Sahel, mise en œuvre de l’accord pour la suppression des frais de d’itinérance (roaming), le financement par la BADEA et le FADES de projets de tronçons routiers et la finalisation de l’étude de faisabilité du projet de chemin de fer..

Quoique limité dans le temps, le mandat de Ghazouani est intervenu à un moment crucial pour l’organisation et ses partenaires. Le sentiment largement partagé aujourd’hui est que le G5Sahel est sur de bons rails et qu’il commence à porter les fruits de la mobilisation. Mais la dialectique n’a pas changé d’un iota: la guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée que par la victoire contre la pauvreté et  vice versa.

JD