Le navire « Margiris » épinglé par une ONG :  la mise au point de l’Union européenne. | Mauriweb

Le navire « Margiris » épinglé par une ONG :  la mise au point de l’Union européenne.

dim, 11/04/2021 - 17:42

Dans un communiqué de presse publié le 24 mars 2021, intitulé « Greenpeace condamne le pillage massif des stocks de poissons mauritaniens essentiels à la sécurité alimentaire. », l’ONG stigmatise le navire européen « Margiris » et le rend responsable de nombreux maux dont souffriraient la Mauritanie et les pays voisins.

Ce navire pêche en effet dans les eaux mauritaniennes depuis le 7 mars 2021 et pêche en conformité avec les règles établies par l’accord de partenariat de pêche entre la Mauritanie et l’UE et avec la réglementation mauritanienne prévue pour ce type de pêche. Il est titulaire d’une licence de pêche émise par les services du Ministère mauritanien de la pêche et de l’économie maritime. Il est suivi par satellite via le système VMS de la Garde-Côtes Mauritanienne et si une infraction est constatée au cours de ses déplacements, il sera arraisonné par ces mêmes Garde-Côtes.

Comme l’ONG ne peut l’ignorer, l’accord de pêche UE – Mauritanie impose que ce type de pêche soit repoussé au large (actuellement au-delà de 20 miles de la côte), afin de préserver les stocks de sardinelles qui vivent plus près des côtes que les autres espèces de petits pélagiques (chinchard, maquereau, sardines) cibles de ces navires de pêche industrielle. Depuis le 7 mars, le Margiris pêche au-delà de cette limite. Il est également prévu qu’un observateur scientifique embarque à bord à l’occasion de son prochain accostage au port de Nouadhibou.

Par ailleurs, les captures opérées par ce navire depuis le 7 mars sont à 94 % des sardines, 3 % du maquereau et 1,6 % des chinchards. Pas de sardinelles, et c’est logique, car aussi loin des côtes, les sardinelles se font plus rares. 

Greenpeace ne peut l’ignorer, si les sardinelles sont notoirement surexploitées en Afrique de l’ouest, les espèces que capture en majorité le Margiris (sardines, chinchard, maquereau), elles, ne le sont pas, comme le mentionne à juste titre la source de l’ONG (Rapport COPACE 2019 :http://www.fao.org/3/cb0490en/cb0490en.pdf

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). L’accusation liée à la surexploitation des ressources pélagiques ouest africaines qui est portée contre ce navire est donc sans fondement.

Pour l’information de Greenpeace et du public, il faut noter que, depuis 2015, les navires de pêche pélagique de l’UE actifs en Mauritanie dans le cadre du partenariat de pêche, ont pêché seulement environ 10 % des captures totales de pélagiques, captures qui sont intégralement destinées aux marchés de consommation humaine, surtout situés dans les grandes métropoles d’Afrique côtière. Les autres flottes actives sur ce segment (flottes turque, chinoise, russe, mauritanienne) sont donc responsables des 90 % restants, dontla plus grande partie est destinée à la production de farines. Il est souhaitable que l’ONG s’intéresse également aux impacts de ces flottes.

Signalons que l’UE est très attentive aux questions de sécurité alimentaire, de gestion durable des ressources et d’emploi dans le secteur de la pêche en Mauritanie. 

Ainsi, qu’il s’agisse de l’accord en vigueur ou de celui qui est en cours de négociation, l’UE a le souci de préserver les ressources vitales pour l’alimentation des populations locales (zones de pêches définies pour limiter l’impact sur la sécurité alimentaire) et les chalutiers pélagiques européens contribuentà la sécurité alimentaire en Mauritanie en cédant 2 % de leurs captures au profit des populations les plus vulnérables. 

L’UE et la Mauritanie, à travers leur partenariat, ont institué un comité scientifique conjoint qui assure le suivi scientifique des ressources, de même que l’UE apporte un appui financier à la recherche halieutique mauritanienne mais aussi à la protection et à la conservation des ressources (financement des aires marines protégées). 

Pour finir, le partenariat de pêche est aussi générateur de centaines d’emplois de marins (recrutés à bord des navires UE) et d’employés portuaires (dockers essentiellement) en Mauritanie.