Sissako, le cinéaste qui a pillé les images de « Salafistes » | Mauriweb

Sissako, le cinéaste qui a pillé les images de « Salafistes »

sam, 30/01/2016 - 14:25

Encensé pour « Timbuktu », lauréat de sept Césars 2015, Abderrahmane Sissako, cinéaste amnésique, avait volé les images de « Salafistes », le film très contesté qui sort en salle aujourd’hui 

On ne peut s’empêcher de voir le parallèle avec le film « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako, décoré de plusieurs Césars en 2014. L’intrigue du film est la même, un touareg qui tue un paisible pêcheur Bozo du bord du fleuve et qui est condamné à mort sous l’intransigeance de la femme de la victime qui demande réparation.

Plagiat ordinaire

Interrogé à la fin de la projection de « Paroles de salafistes », François Margolin explique que « ce n’est pas une coïncidence, Sissako lui-même s’était intégré à ce projet de documentaire et a récupéré les images, dont il a tiré son film », sans aucune mention du travail des journalistes, qui s’estiment à juste titre pillés. « Nous avons les preuves, les billets d’avion, les réservations d’hôtel, que nous avons tout fait avant et que ces images nous appartiennent. »

Sans même entrer dans les qualités supposées du film de Sissako, bourré de clichés et qui donne du drame malien des images léchées et sans contextualisation, il faut rappeler qui est vraiment l’auteur de l’œuvre, Abderrahmane Sissako. Toujours paré d’une chemise blanche immaculée et largement ouverte, ce BHL des dunes n’est cinéaste qu’à ses heures perdues. Ce qui le nourrit ces dernières années, ce sont ses fonctions de conseiller « culturel » attitré du président Mohamed Ould Abdel Aziz, le chef d’État mauritanien qui a imposé à son peuple une médiocre dictature de sous-préfecture, en faisant main basse sur les richesses de son pays.

Sissako, doublure d’Aziz

Tous les ans, le président Aziz organise une grande mascarade appelée « Rencontre avec le peuple » où il est censé dialoguer directement avec des personnes « spontanément » sélectionnées de toutes les régions. L’an dernier, la manifestation avait eu lieu à Néma, dans l’est du pays. L’année précédente, ce fut à Atar, au nord du pays. C’est un grand show où l’improvisation se cumule à la médiocrité du discours. Soit dix heures de direct à la télévision, façon Moscou ou Prague des années de plomb. Pour le rassemblement d’Atar, le plus grand cinéaste africain que serait désormais Sissako était à la manœuvre, pathétique éclairagiste des mises en scène du régime.

Des militaires devenus acteurs

L’alliance de Sissako avec le pouvoir mauritanien est d’autant plus choquante que ce cinéaste a réalisé un très bon film dans sa — courte — vie de cinéaste, à savoir « Bamako », un Scud efficace contre les biens mal acquis par les dictatures africaines. Comme les temps changent ! Et comme les chemises blanches se déboutonnent ! Ne parlons même pas du bilan insignifiant de son action comme « conseiller culturel » d’un président sans culture. Lui-même le reconnait en privé, mais évidemment pas dans la presse française.

L’ami Sissako n’a rallié la présidence que pour utiliser la logistique de l’armée mauritanienne afin de tourner son film réalisé à la frontière mauritano-malienne et recevoir, pendant toutes ces années grâce à sa sinécure, un confortable traitement. Ce sont des militaires mauritaniens qui dans son film jouent le rôle des hommes de la police islamique. Quand on sait le penchant répressif de cette armée mauritanienne, encore démontré le 12 novembre lors d’une manifestation antiesclavagiste dispersée brutalement, on comprend pourquoi dans « Timbuktu », les nervis de la « police islamique » ont l’air si méchants. Mais l’ami Sissako n’est apparemment pas regardant sur les CV de ses « acteurs. »

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