Sommet Corée du Sud/Afrique : vers un partenariat global et un doublement de l’aide au développement à l’horizon 2030 | Mauriweb

Sommet Corée du Sud/Afrique : vers un partenariat global et un doublement de l’aide au développement à l’horizon 2030

mar, 04/06/2024 - 11:41

Ce mardi 4 juin 2024 marque l'ouverture du tout premier sommet Corée du Sud-Afrique à Séoul, un événement inédit qui a réuni quarante-huit pays africains, en présence notable de vingt-cinq chefs d'État. Le Président Mohamed Cheikh El Ghazouani, accompagné de la Première Dame et d'une importante délégation, a rallié Séoul dimanche soir pour participer à cet événement qui se déroulera sur deux jours, à Ilsang City et à Séoul.

L'un des principaux enjeux de cette rencontre d'envergure est le renforcement de l'aide publique au développement de la Corée du Sud en faveur de l'Afrique. Bien que cette assistance demeure relativement modeste, elle affiche une croissance exponentielle ces dernières années.

En 2021, près de 600 millions de dollars ont été alloués au continent africain, le propulsant ainsi au rang de deuxième bénéficiaire des aides de Séoul. Cependant, un quart de cette aide est concentré au niveau de seulement trois pays africains : l'Éthiopie, l'Égypte et la Tanzanie. Dès lors, la diversification des destinataires de cette aide au développement s'impose comme une nécessité incontournable.

La Corée du Sud, quatrième économie d'Asie, s'engage résolument vers un partenariat global avec l'Afrique. Le Président Mohamed Cheikh El Ghazouani, également président en exercice de l'Union Africaine (UA), qui co-préside ce sommet avec son homologue sud-coréen Yoon Suk-yeol, sera au centre des décisions pour formaliser cette nouvelle dynamique.

Il est indéniable que la Corée du Sud offre un exemple éloquent de réussite en matière d'industrialisation vertueuse, avec une multiplication par 270 du PIB par habitant sud-coréen au cours des cinquante dernières années, selon la Banque mondiale. Pour l'Afrique, cette success story représente un modèle inspirant dans sa propre quête d'industrialisation et de développement économique.

Lors de la séance d'ouverture du Sommet Corée-Afrique à Séoul ce mardi, le Président El Ghazouani a salué la volonté du Président coréen de renforcer les liens entre l'Afrique et la Corée. Il a également souligné son désir sincère d'approfondir ces relations afin d'y inclure tous les aspects d'un partenariat stratégique solide.

En somme, ce premier sommet Corée du Sud-Afrique représente une opportunité sans précédent de consolider les relations bilatérales entre ces deux régions du monde, ouvrant la voie à une coopération fructueuse et mutuellement bénéfique pour les années à venir.

Voici la teneur du discours prononcé par le Président Mohamed Cheikh El Ghazouani :

« Son Excellence M. Yoon Suk-yeol, Président de la République de Corée.

– Leurs Excellences les chefs d’État d’Afrique.

– Son Excellence Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine.

– Excellences.

– Mesdames et Messieurs.

Je voudrais tout d’abord féliciter Son Excellence M. Yoon Suk-yeol, Président de la République de Corée, pour la qualité et la rigueur de l’organisation de ce Sommet Corée-Afrique, et remercier Son Excellence ainsi que le gouvernement et le peuple coréens pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité qui nous ont été réservés, ainsi qu’aux autres délégations africaines.

– Vos Excellences et Altesses.

– Messieurs et Mesdames.

Le thème de notre sommet, « L’avenir que nous construisons ensemble, la croissance durable partagée et l’interdépendance », n’est pas l’expression d’un simple espoir, mais renvoie en fait à une nécessité imposée par l’ampleur des défis auxquels notre monde est confronté aujourd’hui, et pour lesquels les objectifs de développement durable ont été établis, et sur la base desquels l’Union africaine (UA) a adopté l’Agenda 2063.

Ces défis, de par leur gravité et leurs diverses dimensions environnementales, sécuritaires, économiques, sociales et sécuritaires, révèlent, jour après jour, l’interdépendance de nos destins en tant que nations et peuples, et l’impossibilité d’avoir un autre avenir que celui que nous construisons ensemble, dans un cadre d’interdépendance et de croissance durable et partagée.

Notre présence remarquable aujourd’hui reflète l’estime que les pays africains vouent à la République de Corée et la sincérité de la volonté des deux parties d’œuvrer pour matérialiser le sens de ce slogan en construisant et en développant un partenariat fructueux qui jettera les bases d’un avenir que nous construirons ensemble, fondé sur les avantages réciproques et la croissance durable dans un cadre de respect mutuel.

Les relations entre les pays africains et la République de Corée sont des relations d’amitié et de coopération de longue date, qui ont connu un développement remarquable ces derniers temps, notamment avec le récent Sommet économique Corée-Afrique, qui a élargi l’horizon de la coopération économique entre les deux parties. Cet horizon comprend désormais de nombreux domaines d’une importance capitale tels que l’énergie, l’environnement, les infrastructures, la formation et l’échange d’expertise technique, qui sont au cœur de la mise en œuvre des programmes de l’Agenda 2063 de l’Afrique et sont en parfaite cohérence avec l’Agenda 2030 des Nations unies.

Certes, cette coopération est encore en deçà du niveau espéré, puisque les échanges entre nos deux régions ne dépassent pas 2% de notre commerce extérieur, mais nous comptons sur ce sommet pour faire un bond décisif dans le sens d’un relèvement de notre partenariat au plus haut niveau.

Ce partenariat nous donnera l’occasion d’évaluer la mise en œuvre de notre coopération commune dans de nombreux domaines tels que la transition énergétique, l’autosuffisance alimentaire et la promotion des industries locales. Ce sera également l’occasion de mettre en place des mécanismes pour renforcer notre coopération afin de la rendre durable et mutuellement bénéfique, grâce à laquelle nous partageons le développement et la solidarité pour assurer un avenir prometteur que nous construisons ensemble.

Avec les vastes ressources naturelles de notre continent, son dynamisme démographique, les méga-programmes et projets de l’Agenda 2063, un système de gouvernance nettement amélioré et les progrès technologiques rapides et soutenus de la République de Corée, nous disposons de tous les atouts nécessaires pour y parvenir.

– Excellences ;

– Mesdames et Messieurs ;

Nos pays africains ont fait et continuent de faire de grands efforts pour jeter les bases d’une bonne gouvernance et développer des arsenaux juridiques qui stimulent l’investissement.

Je saisis cette occasion pour inviter les investisseurs gouvernementaux et privés coréens à explorer davantage le potentiel de notre riche continent et à accompagner nos tentatives sérieuses de localisation de l’industrie et de la technologie.

Les 6 milliards de dollars d’investissements coréens promis lors du dernier sommet économique, ainsi que les investissements promis lors de ce sommet, devraient être dirigés principalement vers le développement de secteurs stratégiques prioritaires tels que les infrastructures durables, la technologie, l’agriculture, la santé et les échanges douaniers numériques.

La jeunesse devrait également en recevoir une grande partie en soutenant des programmes d’éducation et de formation professionnelle pour nos jeunes, qui représentent environ 60 % de la population du continent.

Ce dont l’Afrique a besoin aujourd’hui, c’est de partenariats efficaces pour l’accompagner dans la réalisation des grandes transformations envisagées dans l’Agenda 2063.

Puisque la durabilité de la croissance partagée envisagée par notre coopération dépend de notre succès à minimiser les effets négatifs du changement climatique, auquel notre continent contribue le moins, nous devons renforcer notre coopération dans le domaine de l’environnement.

Nous devons également nous concentrer sur la sécurité alimentaire en exploitant les opportunités prometteuses offertes par l’initiative coréenne de la ceinture de riz, en plus d’œuvrer à une renaissance industrielle globale de l’Afrique.

– Vos Excellences et Excellences.

– Messieurs et Mesdames.

La mise en œuvre de nos plans de développement intra et intercontinentaux se heurte à de nombreux obstacles, qui deviennent de plus en plus graves à mesure que le climat économique, sécuritaire et politique international devient de plus en plus tendu en raison des multiples crises et guerres.

Le génocide systématique auquel nous assistons aujourd’hui à Gaza et en Palestine en général compromet la paix mondiale et ralentit la mise en œuvre des plans de développement internationaux en limitant la possibilité de mobiliser les ressources financières nécessaires, surtout si la guerre russo-ukrainienne a de graves répercussions sur l’économie et la sécurité.

L’ordre mondial actuel a besoin de réformes radicales qui nous obligent à coordonner nos positions communes en vue de réformer le Conseil de sécurité, de revoir le système économique mondial et de reconsidérer la question de la dette qui pèse sur nos pays africains et limite leur capacité à fournir des services de base à leurs citoyens, ce qui a des conséquences directes sur leur sécurité et leur stabilité.

Nous nous réjouissons de renforcer notre coordination dans les forums internationaux sur ces questions, en comptant sur le soutien de la République de Corée pour défendre nos justes positions.

Je suis convaincu que ce sommet, que je souhaite fructueux, nous permettra d’établir un partenariat efficace grâce auquel nous construirons ensemble un avenir fondé sur l’interdépendance et une croissance commune durable.

Je vous remercie et que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient avec vous ».