
Une frégate de la Marine française a intercepté près de six tonnes de cocaïne à bord d’un bateau de pêche au large de l’Afrique de l’Ouest, a annoncé mercredi la préfecture maritime de l’Atlantique. La saisie, évaluée à 320 millions d’euros, a eu lieu le vendredi 29 août dans les eaux internationales, dans le cadre de la mission Corymbe, déployée par la France pour sécuriser le golfe de Guinée et ses approches atlantiques.
Selon les autorités françaises, l’opération a été déclenchée à la suite d’informations fournies par les services britanniques, américains et le Centre opérationnel d’analyse du renseignement maritime de Lisbonne (MAOC-N). L’équipage du navire a été identifié, mais aucune précision n’a été donnée sur sa nationalité ni sur le pavillon du bateau. Une enquête a été ouverte par le parquet de Brest.
L’Afrique de l’Ouest, carrefour du trafic
Cette nouvelle saisie confirme la montée en puissance du corridor ouest-africain dans le trafic mondial de cocaïne. Comme l’a rappelé l’amiral Nicolas Vaujour, chef d’état-major de la Marine française, les quantités interceptées ces dernières années atteignent des records : « il y a trois ans, nous nous réjouissions d’intercepter 500 kg, aujourd’hui, ce sont plusieurs tonnes. » Rien qu’en 2024, la marine française a déjà saisi 45 tonnes de drogues, dont 10,7 tonnes de cocaïne en mars sur un bateau brésilien dans le Golfe de Guinée.
Une menace qui interpelle la Mauritanie
Pour la Mauritanie, ces saisies spectaculaires soulignent la vulnérabilité de ses 700 km de façade maritime et de son espace économique exclusif. Si le navire arraisonné n’a pas été identifié comme ayant un rapport avec la Mauritanie, la multiplication de ces opérations dans les eaux proches de notre pays doit alerter sur les risques d’infiltration de nos zones de pêche et de nos ports par les réseaux internationaux.
La Mauritanie, déjà confrontée à des défis sécuritaires au Sahel, ne peut ignorer l’essor de ce trafic qui combine blanchiment, criminalité organisée et corruption potentielle. Les ports de Nouadhibou et Nouakchott, en pleine expansion, doivent redoubler de vigilance : la pêche artisanale et industrielle, pilier de notre économie, pourrait devenir une couverture idéale pour ces trafics.
Nécessité d’une coopération renforcée
Cette saisie illustre également le rôle croissant des partenariats sécuritaires internationaux, mais elle met en évidence une dépendance persistante aux opérations étrangères. Pour protéger son littoral, la Mauritanie gagnerait à renforcer ses moyens navals, moderniser ses systèmes de surveillance maritime et intensifier la coopération avec ses voisins de la façade atlantique.
Il en va non seulement de la lutte contre le trafic de drogue, mais aussi de la sécurité de nos ressources halieutiques et de la stabilité économique d’un secteur qui représente l’un de nos principaux leviers de développement.