Maréga Baba : « la Mauritanie, une poudrière minée par la corruption » | Mauriweb

Maréga Baba : « la Mauritanie, une poudrière minée par la corruption »

ven, 25/12/2015 - 15:09

Mondafrique. Une enquête du site « le Monde Afrique » a récemment révélé les relations troubles qu’a entretenu pendant des années le géant canadien minier « Kinross » avec le régime du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et dont s’inquiètent les autorités borursières américaines. Ce cas est-il isolé?

Marega Baba. Hélas, pas du tout. L’exemple de Kinross renseigne sur l’état de corruption généralisé qui règne en Mauritanie. Ce n’est qu’une affaire parmi beaucoup d’autres. Le népotisme et la mauvaise gouvernance sont devenus la règle dans les milieux politique, administratif et des affaires. Citons par exemple le cas du projet de construction du nouvel aéroport de Nouakchott. L’Etat avait promis aux bailleurs de fonds internationaux qu’il n’y aurait aucune dépense publique mis à part pour les équipements sécuritaires. 15 milliards d’ouguiyas (4,4 millions d’euros) ont finalement été débloqués à travers une convention signée entre la SNIM, entreprise d’Etat spécialisée dans le fer, le ministre des affaires économiques et l’entreprise « Najah for Major Works » représentée par Mohiddine Ould Ahmed Saleck, le fils du patron du plus grand cimentier de Mauritanie lui aussi bien en vue au palais.

On peut dresser le même tableau désastreux concernant l’exploitation des ressources halieutiques mauritaniennes attribuée pour 25 ans à la société chinoise « Poly-Hondone Pellagic Fishery ». 2000 embauches étaient prévues. En fin de compte seuls 700 postes ont été ouverts. Le transfert des technologies promis n’a par ailleurs jamais eu lieu.

Mondafrique. Que pensez vous des accusations portées par plusieurs ONG et journaux mauritaniens sur les irrégularités dans le domaine du foncier?

M.B. Plusieurs milliers d’hectares de terrains et des biens immeubles sont attribuées arbitrairement par les autorités à des personnalités proches du régime ou d’entreprises étrangères amies. Les exemples sont innombrables ! La « ceinture verte » de Nouakchott qui prévoyait une opération de reboisement autour de la capitale afin de stopper l’avancée du désert, les jardins de Sebkha, mais aussi toute la zone de la plage et celle du port ont été, ou sont en passe d’être rachetés. Même chose pour l’hôtel Mercure au cœur de la capitale, ainsi qu’une partie du Stade Olympique et des dizaines d’écoles qui vont être transformées le plus probablement en commerces !

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