CLTM : Déclaration relative à la conférence de presse du président Aziz | Mauriweb

CLTM : Déclaration relative à la conférence de presse du président Aziz

mer, 29/03/2017 - 14:18

La CLTM, comme beaucoup de mauritaniens, a suivi avec intérêt la conférence de presse du Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz et espérait qu’elle puisse amener du nouveau devant apporter un apaisement du climat social et améliorer les conditions de vie du peuple mauritanien dans son ensemble.

Malheureusement, la déception fut grande car le peuple mauritanien espérait que ses interventions allaient dans le sens de leurs préoccupations vu que notre pays traverse pour la première fois une situation qui le menace dans son fondement même caractérisé par la détérioration sans précédant de la situation économique et sociale, ainsi que l’unité nationale et la cohésion nationale entre les composantes nationales. 

Personne n’a besoin qu’on lui parle de cette situation que le citoyen vit aujourd’hui notamment, la conférence de presse tant attendu à laquelle tout le peuple mauritanien y fondait beaucoup d’espoirs :

• Le chômage qui est à son paroxysme où la Mauritanie est l’un des derniers pays à l’échelle mondiale au plan indicateur économique et social,

• Le pouvoir d’achat où rares sont ceux qui peuvent aujourd’hui manger à leur faim ou se prendre en charge pour leurs soins médicaux ou l’éducation de leurs enfants,

• La compression massive cyclique devenue monnaie courante que cela soit dans les établissements publics, parapublics ou sociétés privées (nationales et multinationales),

• La suspension des bourses de nos Etudiants qui sont à l’étranger les mettant dans une situation désastreuse n’est qu’un autre exemple de cette dégradation de la situation due à la gabegie et à la mauvaise gouvernance d’un régime aux abois,

• L’expulsion massive des pauvres habitants de Gazra par les responsables de l’Etat pour distribuer leurs terrains aux hommes d’affaires et aux nantis,

• L’exploitation et l’humiliation des Dockers de Nouakchott et Nouadhibou démontrant l’étendue des dégâts et qu’aucun secteur n’est épargné,

• Obstruction du libre exercice du droit syndical garantit par la constitution et les conventions internationales ratifiées, 

• Suspension de la loi se portant aux élections des délégués du personnel, depuis deux (2) ans, dans les entreprises par une simple circulaire au mépris de la législation du travail,

• L’annihilation des textes et lois exposant les travailleurs aux abus multiples et pratiques arbitraires des chefs d’entreprises, des dossiers de conflits de travail qui s’accumulent au niveau de toutes les étapes de mécanisme du travail (Médiation et Arbitrage) y compris les Tribunaux de travail.

En dépit de ces injustices latentes, il n’y a pas de recours ni judiciaire ni administrative. Les secteurs économiques qui constituaient, jadis, le poumon de l’économie nationale sont, aujourd’hui agenouillés (secteurs pêche, mine, agriculture).

Les taux de croissance économique qu’avance souvent le Gouvernement n’ont jamais eu d’impact positif sur la vie des citoyens, ni sur le développement économique et social du pays et n’a jamais permis l’offre des opportunités à même de générer des activités génératrices de revenus et d’emploi.

A l’intérieur du pays c’est la pauvreté extrême qui frappe les citoyens, la précarité, le problème d’eau potable et de santé publique.

Depuis l’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz, nous n’avons connu aucun dialogue social digne de ce nom. Les travailleurs laissés pour compte sont à la merci des pratiques arbitraires des responsables.

Les engagements de l’Etat ces dernières années n’ont jamais été mis en exécution tels que les travailleurs non permanents de l’Etat, les enseignants contractuels et les diplômés chômeurs. 

Tout ce qui a été dit n’est que duperie. Au plan des droits humains la situation n’a cessé de s’empirer pour un ensemble de faits dont notamment l’envoi massif de travailleuses domestiques en Arabie Saoudite dans des conditions lamentables et critiques et le refus des autorités mauritaniennes d’engager le mécanisme de conflit de travail permettant aux victimes de recouvrir leurs droits.

Les pratiques de l’esclavage sont encore courantes. Les mesures et dispositions au plan instrument juridique et réglementaire, n’ont pas eu l’effet escompté pour endiguer ces pratiques.

La feuille de route élaborée avec les Nations Unies est aujourd’hui une question du passé. L’esclavage foncier demeure un problème inquiétant. L’expropriation des terres des Harratines et Négros mauritaniens s’est accentuée ces dernières années. L’emprisonnement des antiesclavagistes et des jugements sévères qui leur sont infligés sont aussi des cas de politiques discriminatoires et arbitraires.

La CLTM (Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie) consciente de l’importance de la stabilité, du climat de paix sociale serein est très inquiète du système dictatorial qui de plus en plus s’installe avec force, détruisant les bases et le fondement de notre démocratie et conduit le pays dans une situation de désordre, de dislocation et d’incertitude en visant les symboles de l’Etat et de la République tels que :

- Drapeau national,

- Hymne national

- Sénat,

- Haute Cour de Justice

La CLTM en sa qualité d’organisation avant-gardiste, défenseur des intérêts supérieurs de la Nation mauritanienne s’aligne avec détermination, à coté des forces du progrès pour défendre farouchement le fondement de l’Etat mauritanien, la stabilité du pays, la consolidation de sa démocratie et son développement économique et social ; l’évènement d’un Etat démocratique, de droit garantissant les mêmes droits à tous les citoyens mauritaniens pour une Mauritanie où vivre ensemble dans l’harmonie et la cohésion sociale est possible entre tous les citoyens mauritaniens, loin du chauvisme, de l’exclusion et de la discrimination.

La CLTM dénonce avec force la politique antinationale de Mohamed Ould Abdel Aziz qui a instauré dans ce pays la culture de gabegie et a détruit les valeurs morales de notre société.

Le système Aziz est basé sur l’arnaque des citoyens de manière générale et aux Hommes d’affaires de manière particulière. La SNDE et la SOMELEC font des surfacturations dont le taux est le plus élevé dans la sous région alors que le SMIG est le plus bas (30.000UM équivalent de 87 dollars/mois).

La CLTM salue le courage, la détermination et le patriotisme des Sénateurs qui ont su défendre l’Etat de droit et lance un appel à tous les mauritaniens pour qu’ils se dressent contre les ambitions fantaisistes de Mohamed Ould Abdel Aziz et son système, afin que la Mauritanie reste multiculturelle et soit une société de progrès social, d’égalité et de justice où toutes ses composantes vivent en harmonie.

Vive la Mauritanie Libre, Démocratique, Indépendante et Souveraine.

Fait à Nouakchott, le 23 mars 2017

Pour la CLTM

Le Bureau Exécutif