Faits divers : Sidi 13 et sa bande sous les verrous | Mauriweb

Faits divers : Sidi 13 et sa bande sous les verrous

ven, 04/03/2022 - 19:41

Le Calame - Communément appelée PK, la zone de Riyad fut longtemps et relativement épargnée de la criminalité et de la délinquance. La principale cause était que la majorité des malfaiteurs et hors-la-loi en était issue.

Ils préféraient opérer hors de leur fief, vols et cambriolages y étaient rares avant 2010.Cette année-là y connut cependant une énorme poussée du crime. Un boutiquier y tua d’un coup de fusil le tristement célèbre « Legos » qui avait forcé la porte de son échoppe pour le poignarder et le cambrioler...

Je me rappelle d'un ami dont le domicile au PK 10 avait été cambriolé en 2006. Récidiviste, le fils de son voisin lui avait demandé de ne pas porter plainte : « je peux retrouver tes biens », l’assurait-il.

Et mon ami d’accepter sa proposition pour le voir le lendemain lui amener un individu qui reconnut être l'auteur du vol, lui rendit tout les objets et argent volés et promit de ne plus recommencer.

Depuis quelques mois, une dangereuse bande sévit à Riyad. Elle est dirigée par un récidiviste fiché par la police sous le sobriquet de Sidi 13. Un habitué des cellules de prison. Son principal lieutenant s'appelle Khatari, il vient lui aussi de sortir de taule. Mais toute leur bande a été démantelée et arrêtée, suite à la décision, il y a deux jours, du DRS de Nouakchott-Sud, au grand soulagement des habitants de la zone.

Le martyr du commissariat

Entre 1986 et 1992, un jeune délinquant habitait un bidonville du Haut-Ksar, non loin de l'actuel hôpital ophtalmologique de la Fondation Bouamatou. À cette époque, la drogue ne s'était pas encore introduite chez nous.

Le jeune Loulou Ndiaye volait, comme tous les petits voyous de la ville. Il dérobait de petites choses, juste pour se payer un billet de cinéma ou fumer des cigarettes. Les armes blanches étaient rarement de mise. Loulou fut fréquemment arrêté pour ces petits larcins mais le plus souvent relâché après quelques jours passés au commissariat du Ksar.

Mais à la fin du mois de Février 92, un magasin voisin du commissariat fut cambriolé et la police porta aussitôt l'accusation sur Loulou. Deux agents vinrent le chercher à la Kebba Ksar. Sa maman leur dit qu'il dormait. Et les pandores de l'informer du motif de leur visite. « Non », le défendit-elle, « ça ne peut pas être lui. Mon fils a mal au ventre et cela fait trois jours qu'il n’a pas bougé d’ici ».

Réveillé par la discussion, Loulou clame qu'il est innocent et qu'il ira au commissariat sitôt qu’il ira mieux. « Non », répondirent les policiers, « l'ordre est de t’y amener tout de suite, que tu le veuilles ou non ». Ils essaient de le menotter et de l'embarquer de force. En vain car Loulou est très costaud.

L'un des policiers est rudement battu. Prudent, le second repart avec son collègue au commissariat… pour revenir une demi-heure plus tard dans une 404 camionnette avec onze autres policiers. Loulou n’entend toujours pas se laisser faire mais il succombe, bien évidemment sous le nombre.

S’il a pu distribuer, à chacun, quelques coups – blessant même plusieurs de ses assaillants – c’est bel et bien inconscient qu’on l’embarque. Il passera deux jours au commissariat. Puis on appelle sa mère pour lui remettre… son cadavre.

Que s’est-il passé ? On apprendra plus tard qu'il avait été sauvagement torturé, pour finir par lui placer un sac de cent kilos sur le ventre et le laisser ainsi toute une nuit, pieds et poings liés. Sa pauvre maman porta plainte. Après l'intervention de plusieurs organisations et personnalités, le chef de poste qui était de garde la nuit fatale finit par être emprisonné. Puis le tribunal le relaxa, classant sans suites l’affaire...

Le ‘’new Dakhal chi’’

Le phénomène communément appelé « Dakhalchi » (Aboule l’oseille !) vit le jour au milieu des années 90, lorsque les bidonvilles (kebbas) d'El Mina furent déménagés vers Riyad. D’autres baraquements, notamment à la SOCOGIM PS, furent également démolis, laissant vides des terrains qui devinrent rapidement des repaires à voyous braquant et agressant les passants.

Il n’y avait, à l’époque, qu’un seul commissariat de police à El Mina. Les patrouilles et les rondes étaient inconnues. Les pionniers du Dakhlal chi devinrent de grands récidivistes : Van dam, Pepti, Kabila « Junior », Ely « Lahmar », etc.

Le phénomène s’est depuis propagé partout à Nouakchott et sa contagion a atteint toutes les grandes villes du pays. On ne compte plus aujourd’hui les bandes de braquage et de racket. L’expression « traditionnelle » Dakhal chi n'est même plus prononcée.

On braque, on déleste, on agresse ou tue, parfois, sans autre motif que l’appât du gain facile. Les petits voyous des années 90 ne connaissaient ni la cocaïne ni l'eau de Cologne. Ceux d’aujourd'hui n'opèrent le plus souvent que sous l'effet de l'alcool ou des stupéfiants.

Mosy