
À l’approche de l’Aïd El-Adha, la capitale Nouakchott palpite d’une énergie unique. Les rues s’animent, les marchés se parent de couleurs vives et résonnent d’une cacophonie joyeuse. Au cœur de cette effervescence, le grand marché de bétail de Nouakchott s’impose comme le sanctuaire incontournable où des milliers de familles viennent choisir l’animal du sacrifice.
Une ruche économique et sensorielle
Déjà, les places dédiées grouillent. Des troupeaux entiers, acheminés des wilayas de l’intérieur, emplissent l’espace. L'air est saturé d'un mélange caractéristique : les appels des vendeurs se mêlent au piétinement des bêtes, aux effluves des moutons et à la chaleur montante du soleil. L’Agence Mauritanienne d’Information (AMI), présente sur place, a capté le pouls de cette fourmilière humaine et animale.
Sécurité, régularité et un écosystème économique
M. Mohamed El Bou, président de la Fédération d’El Mina, a salué les efforts conjoints des autorités sécuritaires et administratives. « Le marché est sécurisé et l’activité est régulière, offrant un environnement propice aux vendeurs comme aux acheteurs », a-t-il affirmé à l’AMI. Il souligne que l’Aïd El-Adha dépasse largement le simple marché du bétail : c’est un vaste cycle économique qui dynamise une multitude de métiers – chauffeurs de taxi, vendeurs de cordes, de couteaux, de sacs, d’eau, de fourrage, et prestataires de services divers – chacun trouvant sa part dans cette intense activité saisonnière.
Parmi les éleveurs, M. Mohamed arpente son enclos. « La demande est encore faible, mais je suis optimiste quant à une augmentation de l’activité à l’approche de la fête », confie-t-il. Les prix, influencés par la taille et le type de bête (ovins majoritairement), oscillent cette année entre 80 000 et 120 000 ouguiyas anciennes (environ 200 à 300 euros). Malgré la hausse des coûts (fourrage, transport, eau), les commerçants s’efforcent de proposer des options accessibles. « L’Aïd, par sa nature même, incite les gens au sacrifice, quelles que soient les circonstances », explique-t-il.
M. Yacoub Mohamed, venu spécialement de Kiffa, exprime sa satisfaction : « El Hamdoullillah, le marché est actif et les gens sont intéressés. Certes, les coûts sont élevés, mais nous tenons à proposer des moutons à des prix raisonnables. » Pour lui, ce déplacement saisonnier vers Nouakchott est une tradition, recherchant ce marché dynamique et ses opportunités dans cette « saison de bienfaits et de bénédictions ».
Le sacrifice, cœur de la fête
M. El Hassen Brahim, en train d'examiner des moutons, résume le sentiment partagé : « L’Aïd est incomplet sans le sacrifice. » Estimant les prix autour de 100 000 à 120 000 ouguiyas, il ajoute : « La joie des familles et des enfants est inestimable, c’est pourquoi nous nous efforçons de participer autant que possible à cette année bénie. »
Le boucher Saadbouh, affairé à aiguiser ses couteaux, voit dans l'Aïd une « saison faste ». Il constate une bonne affluence et une demande soutenue pour les moutons, même si certains optent pour des camelins ou bovins selon leur budget. M. Mohamed Lemine, chauffeur de taxi, incarne un autre rouage vital : la livraison. Malgré un emploi du temps chargé à transporter les bêtes achetées vers les différents quartiers, il se réjouit : « El Hamdoullillah, le marché est sécurisé, l’activité est soutenue... d’où cette source de revenus importante. »
Le marché de l’Aïd à Nouakchott est bien plus qu’un lieu de commerce. C’est une fresque sociale vibrante : vendeurs spécialisés (couteaux, cordes, sacs en cuir, eau, fourrage), enfants courant joyeusement entre les enclos et les charrettes, et cette atmosphère unique mêlant anticipation spirituelle et effervescence matérielle.
L’Aïd El-Adha en Mauritanie transcende la simple observance religieuse. C’est la célébration palpable de l’appartenance communautaire, le renouveau annuel de traditions ancestrales et une véritable épopée économique et sociale qui, chaque année, retrouve sa chaleur et son éclat sans pareil.
Source : AMI