
Dans un contexte mondial marqué par des tensions et des fractures, l'impératif de l'unité et du dialogue au sein de la communauté musulmane est plus actuel que jamais. C'est dans cet esprit que le bureau de la Ligue Islamique Mondiale en Mauritanie a organisé, vendredi à Nouakchott, les travaux du quatrième symposium scientifique régional. Placé sous le thème « Construire des ponts entre les rites islamiques et leur rôle dans la promotion des valeurs d’unité et de solidarité islamiques », cet événement a rassemblé des dignitaires religieux, des universitaires et des représentants institutionnels pour discuter d'une feuille de route historique vers le rapprochement.
Un document-cadre pour l'unité et la modération
Le cœur des débats a tourné autour du document « Construire des ponts entre les rites islamiques », adopté à La Mecque en 2024 sous l'égide de la Ligue Islamique Mondiale. Ce texte de 28 clauses est présenté comme un cadre juridique et scientifique équilibré pour gérer la diversité doctrinale interne à l'Islam.
Lors de la cérémonie d'ouverture, M. Beitoullah Ahmed Lassouad, Secrétaire Général du ministère mauritanien des Affaires Islamiques et de l’Enseignement Originel, a souligné que ce symposium reflète l'engagement ferme de la Mauritanie à servir les causes de l'Islam. « Ce document représente un cadre pour gérer les différences sectaires, de manière à préserver les constantes de la religion, l’unité de la nation, et à fermer les portes du fanatisme et de l’extrémisme », a-t-il déclaré. Il a annoncé que son ministère œuvrerait, avec les universitaires, à intégrer le contenu de ce document dans les programmes de formation et de sensibilisation.
La Mauritanie, plateforme du dialogue islamique
Les intervenants ont unanimement salué le choix de la Mauritanie pour accueillir ce symposium. Le Dr Ahmed Mohamed El-Hafedh Ould Enahoui, conseiller du bureau de la Ligue Islamique Mondiale en Mauritanie, a expliqué que ce choix « reflète sa position scientifique et son expérience pionnière en matière de dialogue religieux et de lutte contre l’extrémisme ». Il a rappelé que le document mecquois est le fruit d'un « consensus collectif des savants de la nation » et constitue désormais une « référence juridique globale sur la voie de l’unité des musulmans », visant à renforcer l'autorité des institutions scientifiques face aux discours extrémistes.
Les Oulémas unis derrière l'appel au rapprochement
Les représentants du corps religieux mauritanien ont apporté un soutien théorique et pratique au document. Cheikh Saleh, Secrétaire Général de l’Association des Ulémas de Mauritanie, y a vu « un tournant dans la voie de l’action islamique commune », portant un appel sincère au rejet du sectarisme. Il a rappelé que les différentes écoles juridiques (rites) sont des « vecteurs scientifiques » apparus dans divers contextes et que les musulmans s'accordent sur des fondements uniques : un seul Dieu, un Livre, un Prophète et une Qibla.
Une nécessité face aux défis contemporains
Cheikh Mohamed El-Mokhtar Mballa, ancien président du Conseil suprême des fatwas, a averti que la Oumma est confrontée à des défis directs contre son unité et son identité. Il a décrit le document comme « un saut qualitatif » établissant une « jurisprudence rationnelle dans la gestion des désaccords ». « La consolidation d’une culture de dialogue entre les rites est une nécessité juridique et un devoir civilisationnel », a-t-il insisté, appelant à transformer la diversité en richesse plutôt qu'en source de conflit.
Une résonance régionale et un appel à la renaissance
Le symposium a dépassé le cadre national avec la participation de figures régionales. Le Dr Jim Adrami, conseiller aux affaires religieuses à la Présidence de la République du Sénégal, a remercié la Mauritanie pour son accueil et lié l'avenir du monde islamique à un « retour aux valeurs religieuses et culturelles authentiques ». De son côté, le Dr. Muhammad Khalil, ancien ministre tunisien des Affaires religieuses, a appelé à « activer le contenu du document dans les institutions scientifiques, éducatives et médiatiques » pour forger un discours islamique inclusif et modéré.
Le symposium de Nouakchott a plus qu'être un simple forum de discussion ; il a servi de caisse de résonance pour un projet islamique ambitieux de réconciliation interne. En plaçant le document « Construire des ponts entre les rites islamiques » au centre des débats, les participants ont envoyé un message fort : la voie pour affronter l'extrémisme, la division et les défis identitaires passe par la valorisation des points communs, l'institutionnalisation du dialogue et la promotion d'une culture de modération. La Mauritanie, par son histoire et son autorité religieuse, se positionne ainsi comme un acteur clé dans cette entreprise de rapprochement pour l'ensemble de la Oumma.

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