
Le Syndicat des professionnels du travail social a tenu, ce samedi à Nouakchott, son troisième congrès national, placé sous le thème révélateur « De la réalité de la souffrance à l’horizon de l’équité ». Cette assemblée générale avait pour objectif de dresser un bilan de la profession, de mettre en lumière les défis quotidiens de ses acteurs et de porter un plaidoyer fort pour l’amélioration de leurs conditions professionnelles et sociales.
Le congrès a débuté par un temps fort symbolique : une cérémonie de remise de prix. Le Bouclier du travail social, distinction honorifique, a été décerné à la ministre de l’Action sociale, de l’Enfance et de la Famille, Mme Savia Mint Ntahah, et reçu en son nom par l’éducatrice Kabra Abdallahi. Plusieurs membres du syndicat ont également été distingués pour leur engagement et leurs services rendus, marquant ainsi la reconnaissance des mérites au sein de la profession.
Un état des lieux et un plaidoyer pour la profession
L’expert M. Sid’Ahmed Mohamed El Mokhtar a ouvert les débats par un exposé détaillé sur l’état du travail social au niveau national, fournissant une base factuelle essentielle aux discussions.
Dans son allocution, le secrétaire général du Syndicat, M. Mohamed El Moustapha El Hafedh, a reconnu les progrès institutionnels, saluant le développement significatif du département ministériel et la création du corps professionnel en 2021. « Cette structuration était nécessaire pour répondre aux besoins croissants de notre société », a-t-il déclaré.
Cependant, il a insisté sur le cœur de leur combat : « Les travailleurs sociaux constituent un pilier fondamental de l’amélioration de la qualité de vie et de la promotion de la stabilité sociale. Il est temps que cette réalité se traduise par une valorisation concrète de leur statut et de leurs conditions de travail. » Le syndicat a ainsi appelé le gouvernement et tous les partenaires à apporter un soutien accru pour relever le secteur et concrétiser les objectifs du congrès.
Un moment charnière pour l'action syndicale collective
Le président du Congrès, M. Mohameden Aidalha, a présenté cette troisième édition comme un moment charnière. « Ce rassemblement vise à renforcer l’action syndicale, consolider nos valeurs de solidarité et défendre les droits professionnels des travailleurs de ce secteur essentiel mais souvent invisible », a-t-il affirmé.
Il a décrit le congrès comme un forum ouvert destiné à unifier les efforts, échanger sur les réalités du terrain, évaluer les réalisations et explorer les perspectives. Les domaines prioritaires identifiés sont la justice sociale, la dignité professionnelle et l’amélioration de la qualité des services offerts aux citoyens. « Seule l’action collective et un dialogue constructif avec toutes les parties prenantes permettront de faire progresser notre secteur », a-t-il plaidé, exprimant l’espoir de voir émerger des recommandations pratiques fortes.
Vers un syndicalisme structuré Intervenant au nom de la confédération syndicale, M. Abdelkader Ahmed, secrétaire général du Syndicat général du travail et de la santé, a inscrit ce congrès dans une étape plus large de maturation. Il y a vu le signe d’une transition cruciale : « Nous passons d’une activité syndicale parfois perçue comme virtuelle à une pratique professionnelle structurée, grâce à une représentation syndicale légitime et organisée. »
Il a insisté sur la nécessité de distinguer le véritable engagement syndical, qui défend les droits des travailleurs, des instrumentalisations à des fins personnelles. Il a également réaffirmé le rôle historique et crucial du secteur social dans la construction de la société et la promotion de l’équilibre social.
Ce troisième congrès, qui a rassemblé de nombreux responsables, acteurs du secteur et travailleurs sociaux venus de différentes wilayas, a réussi à porter la voix d’une profession au carrefour de la souffrance sociale et des aspirations à l’équité. Entre les reconnaissances officielles et la dure réalité du terrain, le syndicat a tracé une voie claire : celle du dialogue, de la structuration et du plaidoyer collectif. L’« horizon de l’équité » promis par le thème du congrès dépendra désormais de la capacité à transformer les débats et les recommandations en actions tangibles pour les travailleurs sociaux et pour les populations qu’ils servent avec dévouement.

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