Lycée d’Akjoujt : Piteux état ! | Mauriweb

Lycée d’Akjoujt : Piteux état !

dim, 18/12/2016 - 00:28

A 240 km de Nouakchott, le lycée d’Akjoujt, ville minière,  offre un exemple patent des promesses publiques sans lendemain. Délabrement total des infrastructures et déficit de corps professoral s’y côtoient allègrement. Les élèves du lycée restés deux mois sans classe et leurs parents désabusés par l’indifférence des autorités.

Nul besoin d’aller dans les contrées éloignées de la capitale Nouakchott pour comprendre que les déclarations de politique du gouvernement ne sont que chimères. Si cette désinvolture du gouvernement touche presque tous les secteurs sociaux, à Akjoujt, ville dont est originaire le président lui-même, le secteur éducatif offre l’exemple pour mesurer le degré de déphasage entre le discours officiel et les réalités du terrain.

Construit depuis 1978, le lycée d’Akjoujt qui a vu passer des générations de cadres de ce pays, parait un vaste cimetière. Un champ de ruines. Des salles sans toiture, sans porte, des murs lézardés, de la crasse autrefois tableaux. Une ferraille de tables-bancs. Et nous sommes en fin 2016. Une année après que le président ait déclaré l’année 2015 «Année de l’éducation». Ici, dans cet établissement, même les deux labos vétustes tiennent aussi lieu de salles de classes. Mais cela loin de résorber les problèmes liés à la structure et à l’accueil de nouveaux admis aggrave encore cette perception d’un laisser-aller et d’une indifférence des pouvoirs publics.

C’est donc en fin 2016 et dans ce décor presque macabre et irréaliste que les lycéens d’Akjoujt et leurs parents n’ont d’autre choix que de s’accrocher au péril de leur sort, à une batisse désuète et potentiellement dangereuse..

Janvier 2015 pourtant devant le Parlement le premier Ministre jurait que «l’éducation, et à la lumière de la décision du Président de la République dans son allocution à l’Occasion du 54ème anniversaire de l’Indépendance Nationale de proclamer l’année 2015, Année de l’Education, la redynamisation du système éducatif constitue un des objectifs majeurs de l’action du Gouvernement pour les cinq prochaines années et portera sur tous les ordres d’enseignement».

Pourtant aujourd’hui dans ce lycée à une encablure de la capitale, les lycéens inscrits en terminale D partent défavorisés par rapport aux autres candidats du bac pour la simple raison qu’ils n’ont pas de professeur de sciences naturelles. Et nous sommes à quelques jours de 2017. 

Pour conjurer le sort dans lequel semblent les confiner les autorités politiques et désengorger quelque peu le lycée, des lycéens sont «transférés»   à l’école «2» qui leur ouvre ses portes. Mais là le grand hic est qu’ils ne sont plus supervisés par le personnel cadre du lycée.

L’année dernière 300 nouveaux lycéens admis au concours d’entrée en 6ème sont restés en attente deux mois durant faute de place.  2016-2017, deux cents quarante quatre autres lycées sont venus grossir ces rangs. La structure elle est restée la même aussi vétuste que délabrée.

Et le déficit du corps professoral se creuse toujours. Son évaluation actuelle indique que pour la masse des lycées inscrits (secondes-terminales) il manquerait 4 professeurs de sciences naturelles, deux pour la langue Arabe, trois profs pour la physique, autant pour l’éducation civique et un pour la Langue française.

Que faire? Le mécénat n’existe plus dans cette ville minière où l’une des plus grandes entreprises minière tire pourtant des entrailles les richesses du sous-sol de la région. Devant la démission de l’Etat et le peu d’engagement citoyen de l’entreprise minière, les parents d’élèves n’ont aucune autre alternative que de crier leur désarroi. Peine perdue. L’association des parents d’élèves a écrit plusieurs missives au département de tutelle. Elle a même forcé la main au ministre de l’éducation et de l’haibat (à l’époque Bâ Ousmane et Sidi Ould Zein) qui ont vu de leurs propres yeux l’état de décomposition de la structure. Sans suite.

Ce lycée délabré  accueille 1200 lycées. Aujourd’hui il n’est plus que l’ombre de lui-même. Toitures défoncées par l’usure. Des salles de classes inutilisables. Deux labos vétustes qui tiennent lieu de salles de classes.

Une lettre envoyée par l’association des parents d’élèves (Bâ Ousmane). Il lui rend visite avec Ould Zein alors ministre de l’habitat et de l’équipement qui de leurs propres yeux ont vu l’état de délabrement avance du lycée 

Alors que l’Etat vend à tour de bras les établissements publics d’enseignement à Nouakchott, à Akjoujt les lycéens ne demandent pas plus qu’une structure pour les accueillir dans les conditions normales d’enseignement.

Le ministre de l’économie et des finances Mokhtar Ould Diaye ne prétendait-il pas dans un récent entretien avec nos confrères d’Horizons à l’occasion de la journée nationale que dans le cadre des investissements prioritaires du gouvernement le secteur de l’éducation et de la santé raflaient l’essentiel du budget du pays?

Si c’est pour en arriver à des structures du genre du lycée d’Akjoujt autant alors fermer boutique!

J.D