Niger: "Une tentative de coup d'Etat déjouée" | Mauriweb

Niger: "Une tentative de coup d'Etat déjouée"

sam, 19/12/2015 - 13:55

Le président du Niger a confirmé dans un message à la nation que son gouvernement a déjoué une tentative de déstabilisation contre la République.

C'est dans un message à la nation jeudi 17 décembre, à l'occasion de la célébration ce 18 décembre du 56e anniversaire de la proclamation de la République du Niger, que le président de la République a donné les raisons des arrestations, opérées depuis mardi, de plusieurs officiers de l'armée nigérienne. Il s'agit, selon le président Issoufou Mahamadou, d'une tentative de coup d'Etat contre son régime. « Le gouvernement vient de déjouer une tentative malheureuse de déstabilisation », a-t-il dit.

 

Selon le chef de l'Etat, il s'agit d'une poignée d'individus qui ont la tête dans les années soixante, qui ont décidé de substituer leur propre arbitrage à celui du peuple souverain. « L'objectif de ces individus, animés par je ne sais quelle motivation, était de renverser le pouvoir démocratiquement élu en utilisant les moyens mis à leur disposition par le peuple pour assurer sa sécurité, » a-t-il expliqué.

« Ils envisageaient notamment d'utiliser la puissance de feu des moyens aériens qu'ils ont bloqués délibérément depuis des semaines ici à Niamey, alors que je les pressais de de les envoyer à Diffa sur le front de la lutte contre Boko Haram où nos vaillants soldats, leurs frères d'armes, en ont le plus grand besoin », ajoute-t-il.

Cette année, c'est la région de Maradi, environ 700 km de Niamey qui accueille les festivités commémoratives de l'indépendance. A cette occasion, le président Issoufou Mahamadou fera le déplacement dans la région, considérée comme la capitale économique du pays, pour suivre notamment le défilé militaire. Selon certaines sources, ce déplacement du président serait le moment choisi pour exécuter le coup d'état. « Il s'agit ni plus ni moins d'une haute trahison non seulement contre les institutions civiles de l'Etat, mais aussi contre l'institution militaire elle-même. Il s'agit d'un coup de poignard dans le dos de leurs frères d'armes affectés au front, » a martelé le président de la République.

Plusieurs arrestations opérées

Cette tentative de coup d'Etat contre le régime de la 7e République intervient dans un contexte sécuritaire marqué par des attaques ciblées de Boko Haram dans la région de Diffa. Elle intervient également à moins de deux mois des élections générales de 2016 où le président Isoufou remettra en jeu son mandat.

« Heureusement pour notre pays, les principaux auteurs de cette folle aventure ont échoué et ont pu être tous identifiés et arrêtés à l'exception d'un seul, actuellement en fuite », a dit le chef de l'Etat qui a tenu à rassurer que « la situation est calme et sous contrôle ». En outre, l'enquête, en cours, « permettra d'identifier les autres acteurs et complices éventuels de ce funeste complot contre la sureté de l'Etat. »

Intervenant sur les ondes de la Radio Anfani, une radio privée de la place, le directeur de publication du bihebdomadaire l'Evènement, Aksar Moussa, a donné les noms de quelques officiers impliqués dans cette tentative de coup d'état. Il s'agit selon lui du général Salou Souleymane, ancien chef d'État-major de l'armée et actuel inspecteur général de l'armée et de la gendarmerie, parent à Djibo Salou, ancien président qui a renversé le régime de Tandja en 2009, le lieutenant Awal Hambally, le commandant de la base aérienne de Niamey Idi Dan Haoua, le capitaine Issa Amadou Kountché. Des civils et des hommes politiques seraient également impliqués.

Deuxième tentative

C'est en effet la deuxième tentative de coup de force contre la 7e République. En 2011, alors qu'il était fraichement élu, le président Issoufou avait annoncé dans un message à la nation, une tentative de déstabilisation qui consistait à mettre fin à sa vie. Mais qui a été déjouée. Plusieurs officiers de l'armée ont été interpellés dont le lieutenant Awal Hambali, cité plus haut. Par la suite, cet officier a été lavé de tout soupçon avant de reprendre son treillis. Tout comme en 2011, cette affaire finira en faveur des personnes accusées ?

Il faut dire que cette affaire s'est déclenchée le jour même où le PNUD publiait son IDH (indice de développement humain) qui classait cette année encore le Niger au dernier rang. Un classement auquel le président Issoufou n'a pas fait cas dans son discours. Il s'est dit seulement satisfait de la mise en œuvre de son programme de gouvernance qui lui a permis d'enregistrer des résultats dans tous les secteurs.

La tentative de coup d'Etat dont la nouvelle a été annoncée d'abord par l'arrestation de l'ancien chef d'état-major Salou Souleymane a tout simplement noyé l'annonce de ce classement, pourtant capital.

http://afriqueactualite.com/