La Mauritanie accueille la 14e Conférence des Parties de la Convention d’Abidjan pour une gouvernance marine renouvelée | Mauriweb

La Mauritanie accueille la 14e Conférence des Parties de la Convention d’Abidjan pour une gouvernance marine renouvelée

mer, 21/05/2025 - 23:58

Sous le thème « La côte atlantique que nous voulons : renforcer la coopération pour un développement durable de la zone côtière », la 14e session de la Conférence des Parties à la Convention d’Abidjan s’est ouverte mercredi au Palais des Congrès de Nouakchott. Durant deux jours, délégations gouvernementales, experts environnementaux et partenaires internationaux se réunissent pour coordonner la protection du littoral ouest-africain, centrafricain et austrafricain, face aux défis croissants du changement climatique, de l’érosion côtière et de la pollution plastique.

Un cadre régional pour des défis transfrontaliers

Inaugurant les travaux, la ministre mauritanienne de l’Environnement et du Développement durable, Mme Messouda Baham Mohamed Laghdaf, a souligné l’importance stratégique de cette session dans un contexte marqué par des « avancées sur les volets les plus importants liés aux défis côtiers et maritimes ». Elle a rappelé que la gestion intégrée des écosystèmes marins et côtiers constitue un pilier du programme du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, mobilisant cinq départements ministériaux et les collectivités locales concernées.

Le Premier ministre Mokhtar Djay, a-t-elle ajouté, accorde une « attention particulière » à la durabilité des zones côtières, alignée sur les intérêts nationaux et les engagements internationaux de la Mauritanie.

Protocoles et objectifs 30x30 : les outils d’une coopération renforcée

Mamadou Kane, Secrétaire exécutif de la Convention d’Abidjan, a détaillé les instruments juridiques déployés pour répondre à la « triple crise » climatique, écologique et polluante :

Le Protocole de Bassam contre la pollution d’origine terrestre ;

Le Protocole de Malabo encadrant les activités pétrolières et gazières ;

Le Protocole de Pointe-Noire pour une gestion intégrée du littoral ;

Le Protocole de Calabar sur la préservation des mangroves.

Il a également insisté sur l’adhésion des États au Cadre mondial de Copenhague-Montréal, visant à protéger 30% des terres, eaux et zones côtières d’ici 2030, tout en restaurant 30% des écosystèmes dégradés.

Plastique, pétrole et résilience communautaire : les priorités de terrain

Mme Suzanne Chrétien, représentante du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), a salué les progrès réalisés dans la lutte contre la pollution plastique et l’encadrement des industries extractives. Elle a appelé à une « mise en œuvre accélérée » des protocoles sur le terrain, tout en soulignant le rôle clé de la Convention d’Abidjan pour concrétiser les engagements multilatéraux.

M. Mansour Ndiaye, Représentant résident du PNUD en Mauritanie, a quant à lui mis en avant les « ressources environnementales de valeur mondiale » du pays, tout en reconnaissant les défis persistants malgré les efforts nationaux. Il a annoncé le soutien des partenaires techniques et financiers pour mobiliser des fonds spécialisés (Fonds pour l’environnement mondial, Fonds vert) afin de renforcer les capacités locales et financer la biodiversité.

Vers une position commune et des financements pérennes

Cette conférence vise à harmoniser les positions des 22 États membres de la Convention d’Abidjan en vue des négociations internationales, notamment sur la biodiversité et le climat. Les discussions porteront aussi sur :

-La résilience des communautés côtières, souvent vulnérables à l’élévation du niveau de la mer ;

-La gestion des réserves marines, menacées par la surpêche et les pollutions industrielles ;

-L’innovation dans la gouvernance, via des politiques intégrant sciences, technologies et savoirs traditionnels.

Une exposition pour illustrer l’action mauritanienne

En marge des débats, les délégations ont visité une exposition photo mettant en lumière les initiatives mauritaniennes pour préserver son littoral, long de 754 km. Des projets de restauration de mangroves aux campagnes de nettoyage des plages, en passant par la régulation des activités portuaires, les clichés témoignent d’une mobilisation multisectorielle.

Alors que l’Afrique perd chaque année 2 à 3% de son PIB à cause de la dégradation côtière (Banque mondiale, 2023), cette 14e session marque un tournant dans la quête d’une réponse régionale structurée. Pour la Mauritanie, hôte de l’événement, il s’agit aussi d’affirmer son leadership environnemental, à mi-chemin entre héritage écologique et ambitions de développement durable. Reste à transformer les engagements en actions concrètes, avec des financements à la hauteur des enjeux.

La cérémonie d’ouverture de la 14ème session de la Conférence des Parties à la Convention d’Abidjan s’est déroulée en présence du ministre chargé du Secrétariat Général du Gouvernement, du ministre de la Défense, des Affaires des Retraités et des Enfants des Martyrs, du ministre de l’Énergie et du Pétrole, du ministre des Mines et de l’Industrie, et du ministre de la pêche et des infrastructures portuaires et maritimes, ainsi que d’autres personnalités.