Mauritanie : 75 migrants ouest-africains secourus après 12 jours de dérive en mer | Mauriweb

 Mauritanie : 75 migrants ouest-africains secourus après 12 jours de dérive en mer

lun, 28/07/2025 - 20:40

Une embarcation de fortune, partie de Kamsar (Guinée Conakry) le 15 juillet 2025 avec à son bord 75 migrants, a été secourue samedi dernier au large des côtes mauritaniennes, après douze jours de dérive en haute mer. Le moteur de la pirogue ayant lâché peu après le départ, les passagers, livrés à eux-mêmes, ont frôlé la tragédie avant d’être repérés et sauvés.

Dès le deuxième jour de dérive, les passagers ont lancé un appel de détresse. C’est un navire de passage qui a capté leur signal et alerté les garde-côtes mauritaniens. L’intervention rapide des autorités a permis de récupérer les 75 personnes à bord dans des conditions critiques, évitant ainsi un nouveau drame en mer.

Les rescapés — originaires du Sénégal, de la Gambie, du Ghana et de la Guinée Conakry — ont été transférés au port de Nouadhibou, où ils ont reçu les premiers soins et une assistance administrative.

Ce sauvetage met une fois de plus en lumière les risques extrêmes que prennent chaque année des milliers de migrants ouest-africains en tentant de rejoindre l’Europe par voie maritime. La route de l’Atlantique, qui longe les côtes mauritaniennes, est l’une des plus dangereuses au monde. Les pannes de moteur, les naufrages, la soif, la faim et les conditions climatiques en font une traversée mortelle pour beaucoup.

Les rescapés de cette pirogue ont eu la chance d’être repérés à temps. D'autres n’ont pas cette opportunité. Combien d’embarcations sombrent chaque mois dans l’indifférence générale, sans laisser de trace ?

Si les autorités mauritaniennes ont agi promptement pour sauver les migrants et les accueillir à Nouadhibou, la question de leur avenir immédiat reste entière. Dans de nombreux cas, ces personnes sont retenues dans des centres d’accueil, avant d’être expulsées vers leur pays d’origine — sans accompagnement durable, ni traitement des causes profondes de leur migration.

Face à cette crise humanitaire récurrente, les réponses restent fragmentaires, réactives, et principalement sécuritaires. Les véritables causes — pauvreté extrême, chômage massif des jeunes, instabilité politique, manque d’opportunités — continuent de pousser des milliers de personnes à risquer leur vie en mer.

La Mauritanie, en tant que pays de transit, porte une part croissante du fardeau migratoire sous-régional, souvent sans les moyens adéquats. Mais elle ne peut être tenue seule responsable de cette tragédie humaine à répétition. Il est urgent que les États d’origine, de transit et de destination — ainsi que les partenaires internationaux — assument une responsabilité collective, en misant sur le développement local, l’éducation, la création d’emplois, et la gestion humaine des migrations.

Ce sauvetage aurait pu se solder par un drame. Il rappelle, une fois de plus, l’urgence d’une réponse régionale, coordonnée, et surtout humaine, à la migration irrégulière. Si ces 75 vies ont été épargnées, combien d’autres sont déjà perdues dans le silence des vagues ?

Combien faudra-t-il encore de pirogues à la dérive pour que les promesses de solutions durables dépassent enfin le stade des communiqués ?