
Un pas décisif pour l'éducation des jeunes Sahéliens a été franchi ce mardi à Nouakchott avec la signature de deux accords de financement cruciaux pour le projet "Relance Sahel". D'un montant total de 66,9 millions de dollars (environ 2,25 milliards d'ouguiyas MRU), ces accords ont été paraphés par les représentants de la Mauritanie, du Tchad, de la Banque mondiale et de l'Allemagne.
Les Accords en Détail :
-Un prêt concessionnel de 44 millions de dollars accordé par l'Association Internationale de Développement (IDA) de la Banque mondiale ;
-Un don de 22,9 millions de dollars de la République Fédérale d'Allemagne, acheminé via la KfW dans le cadre du Fonds fiduciaire multi-donateurs pour les pays du Sahel et de la côte ouest-africaine.
Le projet « Relance Sahel », nécessitant un financement global de 137 millions de dollars, cible spécifiquement :
-Le renforcement de la gouvernance éducative ;
-L'amélioration de l'accès et de la qualité de l'éducation pour 850 000 jeunes, dont la moitié sont des filles, au sein des populations nomades et réfugiées ;
-La mise en place d'une plateforme robuste de suivi et d'évaluation pour garantir la redevabilité et la qualité des services éducatifs;
-La création à Nouakchott d’un Institut régional des sciences de l’éducation dédié à la formation des cadres, la recherche appliquée et l’élaboration de politiques éducatives réalistes et mesurables.
Une vision commune portée par les ministres
M. Sid’Ahmed Bouh, Ministre mauritanien de l’Économie et des Finances a salué l'aboutissement des travaux préparatoires de Nouakchott (2022) et de N'Djamena (2024), couronnés par ce lancement porteur d'"espoir pour des centaines de milliers de jeunes". Le ministre a souligné l'alignement du projet avec la vision du Président Mohamed Cheikh El Ghazouani pour une "école républicaine" valorisant citoyenneté et diversité, ainsi qu'avec les priorités gouvernementales de réforme du système éducatif (modernisation de l'apprentissage, enseignement professionnel, recherche scientifique). Il a vivement remercié la Banque mondiale (>80 millions de dollars au total pour le projet régional) et l'Allemagne (>56 millions de dollars au total via KfW).
Mme Fatima Haram Acyl, Ministre déléguée tchadienne (Économie, Plan, Coopération internationale) a rappelé la "crise profonde" que traverse l'éducation dans la sous-région, aggravée par les conflits, les chocs climatiques, les fragilités économiques, la COVID-19 et l'instabilité frontalière. Réaffirmant la priorité accordée à l'éducation par le Président Mahamat Idriss Déby Itno, notamment via "Tchad Connexion 2030", elle a lancé un appel aux partenaires pour investir davantage, "pas uniquement en termes financiers, mais également en innovation, en expertise et en plaidoyer".
L'engagement des partenaires financiers
M. Ousmane Diagana, Vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale a précisé que le projet vise à "améliorer la qualité de la gouvernance éducative", offrir des "alternatives d’apprentissages pertinents" et ouvrir des "voies vers les compétences techniques, entrepreneuriales et de vie" pour un emploi décent. Il a souligné que le projet reste ouvert à d'autres pays du Sahel et constitue une "plateforme unique" pour harmoniser les politiques éducatives régionales et mutualiser les savoirs.
M. Florian Reindel, Ambassadeur d’Allemagne en Mauritanie en déclarant que "l’éducation est la clé qui ouvre toutes les portes", a réaffirmé son caractère de droit fondamental. Il a également mis en avant la complémentarité de "Relance Sahel" avec les programmes de protection sociale allemands en faveur des familles vulnérables dans la région.
Un projet régional sous les auspices de la coopération
La cérémonie de signature s'est déroulée en présence d'une délégation ministérielle importante, comprenant notamment les ministres mauritaniens de la Formation Professionnelle (M. Mohamed Aïnina EyIh) et de l’Éducation (Mme Houda Babah), le ministre tchadien de l’Éducation nationale (Dr. Aboubakar Assidick Choroma), et le représentant résident de la Banque mondiale en Mauritanie (M. Ibou Diouf).
Cette signature marque le lancement concret d'un projet ambitieux destiné à transformer le paysage éducatif dans le Sahel, offrant des perspectives nouvelles à une génération de jeunes confrontés à de multiples défis. La réussite de "Relance Sahel" repose désormais sur une mise en œuvre efficace et une coopération renforcée entre les pays bénéficiaires et leurs partenaires techniques et financiers.