
La compagnie nationale Mauritania Airlines est de nouveau confrontée à un contretemps embarrassant. Une de ses rares fiertés technologiques, le Boeing 737 Max acquis il y a quelques années dans l’euphorie d’un renouvellement de flotte, est cloué au sol à la suite d’un incident technique survenu lors de son décollage de l’aéroport de Nouadhibou. L’appareil a percuté un vol de migrateurs, contraignant l’équipage à signaler des dommages nécessitant son immobilisation pour deux à trois jours, en attendant le remplacement d’une pièce essentielle.
Une succession de déboires
Cet incident, qui peut sembler mineur en apparence, vient grossir une longue liste de déconvenues qui poursuivent le 737 Max de Mauritania Airlines depuis son acquisition. Déjà affecté par les problèmes mondiaux de certification et de réputation liés à ce modèle, l’appareil a souffert d’immobilisations répétées, de pannes techniques et d’un coût d’exploitation jugé trop lourd pour une compagnie dont les finances sont fragiles. Chaque interruption met en lumière la dépendance de la compagnie aux aléas techniques, faute d’une flotte diversifiée et suffisamment robuste.
Des solutions provisoires, révélatrices d’une fragilité chronique
Pour pallier cette nouvelle panne, Mauritania Airlines a dû recourir à la location d’un avion afin d’assurer la liaison Nouakchott – Casablanca – Nouakchott. Une solution d’urgence qui illustre les difficultés d’une entreprise incapable d’anticiper et de garantir la régularité de son programme. Bien que la compagnie affirme avoir pris en charge les passagers impactés, l’image projetée est celle d’une gestion en permanence sous contrainte, où chaque imprévu devient une crise logistique.
Incapacité à assurer la desserte nationale
Plus inquiétant encore, cette série noire met en exergue l’incapacité de Mauritania Airlines à assurer ne serait-ce que la desserte régulière des principales villes du pays. Des villes stratégiques comme Nouadhibou, Kiffa, Atar ou encore Néma, Sélibaby et Zouérate connaissent des dessertes aléatoires, suspendues ou limitées en raison du manque d’appareils disponibles et de l’absence d’une planification robuste. Cette carence prive des régions entières de liaisons vitales et accentue le sentiment d’isolement de populations déjà marginalisées.
Une compagnie nationale en perte de vitesse
Dans un contexte régional marqué par la montée en puissance des compagnies africaines – Royal Air Maroc, Air Sénégal, ou encore Ethiopian Airlines – Mauritania Airlines peine à trouver sa place. Le Boeing 737 Max, censé symboliser un saut qualitatif, s’est transformé en fardeau budgétaire et opérationnel. Chaque panne ou immobilisation devient un révélateur de l’impréparation de la compagnie et de son incapacité à rivaliser, même à l’échelle sous-régionale.
Un avenir à clarifier
La "série noire" du 737 Max s’ajoute aux difficultés structurelles d’une compagnie qui ne parvient ni à stabiliser ses dessertes intérieures ni à offrir des liaisons internationales compétitives. Sans réforme profonde de sa gouvernance, de sa flotte et de sa stratégie commerciale, Mauritania Airlines risque de s’enliser davantage, au moment où le transport aérien constitue pourtant un levier stratégique pour l’intégration économique et le désenclavement du pays.