Coopération mauritano-qatarie : une réunion de plus, mais toujours les mêmes promesses creuses | Mauriweb

Coopération mauritano-qatarie : une réunion de plus, mais toujours les mêmes promesses creuses

mer, 10/12/2025 - 11:19

Le ministre mauritanien des Affaires économiques, Dr Abdallahi Ould Souleymane Ould Cheikh Sidya, a rencontré mardi, à Doha, le ministre d’État qatari aux Affaires étrangères, Dr Mohamed bin Abdulaziz Al-Khulaifi. Selon le communiqué officiel, les deux responsables ont “examiné les perspectives de renforcement de la coopération”, une formule désormais familière dans le langage diplomatique mauritanien, souvent répétée… sans jamais être traduite en résultats concrets.

Des déclarations chaleureuses, mais aucun engagement tangible

Comme à chaque visite dans le Golfe, la délégation mauritanienne a multiplié les éloges sur la “solidité des liens historiques” avec le Qatar. Mais aucun élément précis n’a été communiqué sur : de nouveaux investissements, des projets identifiés, des financements sécurisés, ou des mécanismes opérationnels de coopération.

Un discours qui semble ignoré le fait que, malgré des années d’annonces, les investissements qataris en Mauritanie restent très en dessous des attentes, comparés à d’autres pays africains.

Le communiqué donne l’impression de vouloir masquer une réalité dérangeante :
les relations économiques entre les deux pays stagnent depuis une décennie, malgré les visites ministérielles répétées.

Une diplomatie économique davantage tournée vers le symbole que vers l’efficacité

Le ministère mauritanien des Affaires économiques multiplie les déplacements, mais peine à transformer ces rencontres en actions concrètes : ni grands projets structurants, ni augmentation visible des flux commerciaux, ni partenariats publics-privés réellement opérationnels, ni soutien financier majeur du Qatar à des infrastructures prioritaires.

La question se pose alors : à quoi servent ces déplacements répétés si la Mauritanie ne parvient pas à obtenir des accords tangibles ?

La diplomatie économique ne se mesure pas au nombre de communiqués, mais à l’impact réel sur l’investissement, l’emploi et la croissance.

Un discours convenu qui ne répond pas aux urgences du pays

Pendant que le ministre répète à Doha des formules diplomatiques éculées, la Mauritanie fait face à : une crise de financement de plusieurs projets nationaux, des infrastructures retardées faute de ressources, un secteur productif sous-capitalisé, une dette publique qui nécessite une gestion rigoureuse, et une dépendance croissante aux bailleurs internationaux.

Le pays a besoin de résultats, pas de réunions protocolaires sans profondeur.

L’intégration arabe : un slogan qui dissimule l’absence de stratégie

Le communiqué évoque la nécessité de “renforcer l’intégration arabe et régionale”.
Mais là encore, aucune vision, aucun plan, aucune initiative concrète n’est évoquée.

La Mauritanie, qui pourrait jouer un rôle stratégique entre le Maghreb, le Sahel et le Golfe, se contente d’un discours généraliste, au lieu de définir des priorités claires : énergie, pêche, logistique, technologies, agriculture, tourisme, start-ups.

Sans stratégie identifiable, les rencontres bilatérales se transforment en rituel diplomatique dépourvu d’impact.

  La Mauritanie doit sortir de la diplomatie de façade

Si la coopération mauritano-qatarie veut réellement progresser, le ministère des Affaires économiques devra : formuler des demandes précises, défendre des dossiers techniques solides, proposer des projets prêts à financer, et surtout assurer un suivi rigoureux.

Pour l’instant, cette rencontre ressemble davantage à un exercice de communication qu’à un levier de développement.

La Mauritanie ne peut plus se permettre une diplomatie économique qui se contente d’espérer : elle doit exiger, négocier et obtenir.