Agriculture : Une concertation nationale pour un financement durable du secteur agricole | Mauriweb

Agriculture : Une concertation nationale pour un financement durable du secteur agricole

ven, 12/09/2025 - 19:05

Une réunion de haut niveau s’est tenue ce jeudi à Nouakchott, réunissant autour de la même table les principaux décideurs économiques du pays et les représentants du secteur bancaire et privé. Présidée par le ministre de l’Économie et des Finances, M. Sid’Ahmed Bouh, cette concertation incluait également le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, M. Memma Beibatta, et le Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), M. Mohamed Lemine Dheby. L’objectif central des discussions était d’examiner les moyens de financement du secteur agricole, un pilier de l’économie nationale.

Lancement d’une vaste consultation pour un financement durable

La réunion s’inscrit dans le cadre de la présentation des conclusions préliminaires d’une étude préparée par le ministère de l’Agriculture sur le financement du secteur. Elle marque le lancement officiel d’un processus consultatif visant à recueillir les propositions de tous les acteurs concernés. Ces contributions serviront à enrichir les travaux d’un Comité Ministériel de haut niveau, qui sera présidé par le Premier Ministre, M. Mokhtar Djay, en vue de prendre une décision appropriée et concertée pour l’avenir du financement agricole.

Le secteur agricole, priorité absolue de la stratégie de croissance (SCAPP 2026-2030)

Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’Économie et des Finances, M. Sid’Ahmed Bouh, a situé cette initiative dans le contexte du lancement de la troisième phase de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP 2026-2030). Il a révélé que le secteur agricole bénéficie de la plus grande part dans ce plan d’action ambitieux, soulignant ainsi la priorité que le gouvernement accorde à ce domaine crucial pour la souveraineté alimentaire et le développement rural.

M. Bouh a identifié plusieurs facteurs clés pour la réussite des mesures à venir. Il a tout d’abord mis en avant la forte volonté politique du Président de la République, M. Mohamed Cheikh El Ghazouani, qui a « exprimé à plusieurs reprises son grand intérêt pour le secteur agricole et la nécessité de le développer », citant l’abondance des terres, des ressources en eau et du capital humain.

Défis et solutions : risques, gouvernance et rôle de l’État

Au-delà de la volonté politique, le ministre a pointé la nécessité de trouver un mécanisme de financement efficace, durable et applicable. Cela passe, selon lui, par une attention particulière portée à la gestion des risques élevés et à la rotation des ressources financières. Il a évoqué la problématique du préfinancement des campagnes agricoles, du recouvrement des fonds et de la réduction des créances douteuses pour assurer la pérennité du système.

M. Bouh a également abordé la question de la gouvernance du secteur, reconnaissant qu’elle « soulève plus d’un problème » et exige « une nouvelle approche et une vision renouvelée ». Il a conclu en affirmant que le développement de l’agriculture est à la fois « une priorité directe pour le secteur privé » et « un engagement direct de l’État » à créer les conditions propices à son essor.

Une vision partagée par tous les acteurs

Le ministre de l’Agriculture, M. Memma Beibatta, a réaffirmé que l’objectif était de soumettre l’étude aux acteurs économiques pour élaborer une vision claire, intégrer leurs avis et ceux des agriculteurs, et les impliquer pleinement dans la réflexion.

Le Gouverneur de la BCM, M. Mohamed Lemine Dheby, a pour sa part insisté sur le fait que le financement ne peut être traité de manière isolée. Il est, selon lui, inextricablement lié à d’autres défis : les garanties, l’accès aux marchés, l’assurance et la gestion de l’eau, tous étant des facteurs déterminants pour la rentabilité des exploitations. Il a plaidé pour une intervention de l’État, notamment via des mécanismes d’assurance contre les calamités, pour sécuriser les investissements et permettre au secteur financier de mobiliser les ressources nécessaires en toute confiance.

Enfin, le Président de l’Union nationale du patronat mauritanien (UNAPM), M. Mohamed Zein El Abidine Cheikh Ahmed, a salué les progrès déjà accomplis, annonçant que le pays a atteint l’autosuffisance en riz et en légumes, une réussite qu’il attribue à l’appel du Président de la République en 2022 et aux efforts du ministère de l’Agriculture. Il a remercié l’ensemble des parties prenantes pour leur engagement au service de la nation.

Cette réunion marque une étape cruciale vers la définition d’un modèle de financement innovant et robuste pour l’agriculture mauritanienne, un secteur dont le développement est perçu comme essentiel pour la prospérité économique et la stabilité du pays.